Une école, deux vies

Une école, deux vies
Une ancienne école de Court-Saint-Étienne a été complètement réhabilitée en un ensemble d’appartements. Une préservation du patrimoine local alors que certains promoteurs souhaitaient la démolir. De quoi donner une seconde vie à ce bâtiment qui fait office de porte d’entrée dans la commune.
Texte et photo : Xavier Attout
Une ancienne école de Court-Saint-Étienne a été complètement réhabilitée en un ensemble d’appartements. Une préservation du patrimoine local alors que certains promoteurs souhaitaient la démolir. De quoi donner une seconde vie à ce bâtiment qui fait office de porte d’entrée dans la commune.
Texte et photo : Xavier Attout
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« Et dire que deux promoteurs qui ont remis une offre pour acheter ce site souhaitaient démolir le bâtiment. » En jetant fièrement un oeil sur la bâtisse d’une des anciennes écoles du Collège Saint-Étienne, situé le long de la rue du Village, au pied de l’église Saint-Joseph à Court- Saint-Étienne, Éric Goditiabois, cofondateur de G&R Estate, ne peut cacher sa satisfaction d’avoir réussi son coup. À savoir rénover entièrement ce bâtiment de 900 m2 qui date de 1910 et le transformer en un ensemble de neuf appartements. Et, surtout, d’avoir pu préserver un élément important du patrimoine local et lui avoir redonné quelques couleurs. La façade, sablée, a notamment retrouvé tout son éclat. L’incrustation en pierre de Gobertange – avec la mention « Écoles libres de l’Immaculée Conception » – qui trône en son sommet attire à nouveau les regards. Alors que le mélange de l’ancien et du contemporain devrait séduire. « Il aurait été vraiment triste de voir disparaitre ce bâtiment, fait remarquer Christian Alen, président de l’association Le Patrimoine Stéphanois. Quand vous vous baladez dans cette rue en pavé, la vue est magnifique avec l’église, le presbytère, le domaine Goblet d’Alviella. C’est l’un des plus beaux endroits de Court-Saint-Étienne. » Éric Goditiabois est un développeur immobilier atypique. On l’a déjà remarqué avec l’ensemble de maisons construites dans le cadre du Hameau de la Gette, à Jodoigne, où un bâti de qualité et des espaces publics réfléchis ont reçu les félicitations du fonctionnaire délégué de l’époque. « Notre objectif reste de proposer du beau, bien loin par exemple des façades en crépi blanc que nous voyons partout, lance le développeur, qui compte une dizaine de projets dans son pipeline, en Brabant wallon et à Namur. Nous allons à contrecourant du marché car nous estimons qu’il y a une demande pour ce type de biens. Notre choix est d’utiliser des matériaux de qualité qui résistent au temps même si notre marge de rentabilité est plus basse. C’est notre différence par rapport aux gros promoteurs. Trop de promotions immobilières se contentent aujourd’hui du minimum. Nous pensons que vivre dans un environnement de qualité, où les enfants peuvent jouer dans la rue et où les maisons sont de qualité supérieure, est important. »
“Notre objectif reste de proposer du « beau », bien loin par exemple des façades en crépi blanc que nous voyons partout. Nous allons à contrecourant du marché car nous estimons qu’il y a une demande pour ce type de biens.”
Éric Goditiabois, développeur immobilier
Le beau au centre du jeu
En pénétrant dans l’ancien hall d’entrée de l’école, la largeur du couloir et la hauteur des plafonds laissent directement transparaitre l’âme des lieux. De même que le large escalier qui permet de rejoindre le premier étage. Chaque classe a été transformée en un appartement de deux chambres. De larges terrasses amovibles ont été ajoutées, dans un style empreint de légèreté. À l’arrière, trois jardinets ont été aménagés. « Ce sont des appartements qui ressemblent à notre philosophie, poursuit Éric Goditiabois. C’est un win-win de proposer quelque chose de soigné. Tant pour la commune que pour les habitants. Remettre le beau au centre des attentions coute bien évidemment plus cher. Il serait donc important que les communes songent à réduire les charges d’urbanisme dans le cadre de projets qui visent à améliorer le patrimoine local ou à embellir la commune. Sans quoi ce type de réalisation n’est pas viable économiquement. D’ailleurs, sans une bonne réflexion avec les autorités locales, cette réhabilitation n’aurait pas pu se réaliser. Ce qui aurait été bien dommage. » Ajoutons qu’après quatorze mois de travaux, ces appartements seront mis à la location en juin. Un investisseur a racheté l’ensemble du projet.
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