
Une demeure aux multiples facettes
Jean-Guibert Croughs a aménagé un espace insolite aux multiples facettes en plein centre de La Hulpe. Un lieu d’échanges et de partage qui transpire la sérénité. Un projet qui peut être considéré comme un tiers-lieu, une thématique que nous aborderons lors de notre prochain Midi de l’urbanisme.
Texte : Xavier Attout - Photo : Xavier Attout
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C’est l’une des portes d’entrée du Brabant wallon pour les Bruxellois. Et, dans l’autre sens, un passage obligé pour les milliers de navetteurs qui veulent se rendre dans la capitale chaque matin. Le carrefour des Trois Colonnes, où la N275 et la N253 se croisent à La Hulpe, n’est pas l’endroit le plus accueillant de la région. On y entend davantage le bruit des voitures que celui des oiseaux. Pourtant, à trente mètres de là, après avoir emprunté une longue allée privée et dépassé une belle maison de maitre du début du XXe siècle, il est possible de se retrouver au calme dans un écrin de verdure. Un lieu devenu insolite de par sa multitude d’activités. Un espace d’échanges surtout. Et de sérénité. « Nous sommes ici, il est vrai, à quelques pas du centre de La Hulpe dans un endroit totalement inédit, explique le La Hulpois Jean-Guibert Croughs, attablé à sa cuisine. Une maison qui, au départ, était louée par mon fils et quatre de ses amis dans le cadre d’une colocation. À son décès il y a neuf ans, à l’âge de 27 ans, j’ai décidé de la racheter et d’en faire un lieu de vie à son image. Un espace festif, serein et convivial. Une sorte d’hommage pour Olivier. »
Des rencontres en tous genres
La belle demeure est au départ transformée en bed & breakfast. Quatre chambres chaleureusement décorées où les idoles de Jean-Guibert Croughs ornent chacun des murs : Jean Gabin, Barbara, Marilyn Monroe et James Dean. La gestion se révèle toutefois compliquée. Deux chambres sont alors louées pour de plus longues durées. Les deux autres pièces du premier étage sont quant à elles occupées par une thérapeute en bien-être et par Jean-Guibert. Il y a installé son bureau où il y exerce ses activités d’expert immobilier et de gestionnaire culturel. Même si, âgé de 66 ans, il a quelque peu levé le pied ces derniers temps…« C’est à ce moment-là que la maison est devenue un lieu de rencontre, se souvient Jean-Guibert Croughs, toujours particulièrement volubile et avenant. Une maison de passage où règne la joie de vivre. Ma fille, qui est chanteuse sous le nom de Lucy Valentine, y effectue des résidences d’artistes. Des mariages, des concerts, du théâtre de rue ou des festivités sont organisés dans le jardin. Un ami podologue s’est installé dans un cabanon en bois au fond du jardin, que j’ai complètement isolé. Il est retraité mais y exerce de temps en temps. On y retrouve également un bar, un sauna disponible à la location, de même que du logement abordable dans le studio. Une roulotte réaménagée en gite insolite peut également accueillir des visiteurs avides d’expériences pour un court séjour. J’habite à quelques centaines de mètres de la maison mais j’y passe chaque jour. Tout le monde est le bienvenu. J’adore m’installer dans la cuisine et boire un café avec les visiteurs et les locataires. J’ai un attachement particulier avec chacun d’entre eux. C’est passionnant. Ce sont devenus des amis. »
” Au décès de mon fils, il y a neuf ans, j’ai décidé de racheter cette maison et d’en faire un lieu de vie à son image. Un espace festif, serein et convivial. Une sorte d’hommage pour Olivier.” Jean-Guibert Croughs, fondateur de Oli-Wood Guest House
Des activités sans but lucratif
L’espace qu’a créé Jean-Guibert Croughs rentre bien dans la nouvelle définition des tiers-lieux, une thématique qui sera abordée lors de notre prochain Midi de l’urbanisme (voir ci-contre). Des espaces où le travail se mélange à d’autres aspects de la vie collective. « Je me reconnais parfaitement dans cette définition. Cette maison se veut accueillante et les gens qui y passent semblent enchantés des ’bonnes ondes’ de ce lieu. »
Sur sa liste des choses à faire, Jean-Guibert Croughs a encore quelques cases à cocher. Il souhaite notamment faire de la pièce de séjour un espace qui peut accueillir des formations et des activités culturelles. « Je souhaiterais y développer un projet de lecture pour personnes âgées. Je suis certain que cela rencontrerait un succès à La Hulpe. Il y a une demande pour ce type d’activités. J’ai également déjà participé à plusieurs éditions de parcours d’artistes et de théâtre de rue. Cela rentrerait dans cette optique. Pour ce qui est des formations, le Centre d’Étude et de Formations Immobilières (CEFIM) m’a demandé d’en effectuer l’une ou l’autre. Je souhaiterais éventuellement les accueillir ici. »
Jean-Guibert Croughs espère en tout cas poursuivre encore pendant quelque temps ses activités. Les perspectives sont en tout cas positives. « Si les différentes activités me permettent d’au moins rentrer dans mes frais, je souhaite continuer encore 10 ou 15 ans. Le but est vraiment d’organiser ces activités de manière philanthropique. Aider certains, via la mise à disposition d’un logement abordable ou via des activités qui leur permettent de s’évader est une vraie satisfaction. »
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