Une cohabitation sous tension

Une cohabitation sous tension
Dans un contexte d’aménagement du territoire où l’idée est de concentrer les activités – qu’elles soient culturelles, sportives ou autres – à proximité des centres, la cohabitation peut toutefois s’avérer complexe avec les habitants. L’essor du padel le démontre. Une équation qu’il faudra néanmoins résoudre.
Texte : Xavier Attout - Photo : Getty
Dans un contexte d’aménagement du territoire où l’idée est de concentrer les activités – qu’elles soient culturelles, sportives ou autres – à proximité des centres, la cohabitation peut toutefois s’avérer complexe avec les habitants. L’essor du padel le démontre. Une équation qu’il faudra néanmoins résoudre.
Texte : Xavier Attout - Photo : Getty
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Douze terrains de padel, implantés entre le Cercle du lac et le siège d’ING à Louvain-la-Neuve, à l’arrière des terrains de hockey. La demande de permis pour construire la plus grande infrastructure du Brabant wallon en la matière est en cours. Vincent Stavaux, ex manager de Justine Henin et figure bien connue dans le monde tennistique, et quelques associés sont à la manoeuvre. Une nouvelle démonstration de l’engouement que suscite ce sport depuis trois ans. Si cette localisation ne devrait pas déranger grand monde puisque les abords sont peu occupés en soirée et que les premiers habitants sont installés à 200 mètres des terrains, tous les clubs de padel ne sont pas logés à la même enseigne. A Lasne, suite à un recours déposé auprès du Conseil d’État contre le permis d’urbanisme, le club d’Odrimont a dû construire à la hâte un mur anti-bruit pour couvrir le bruit des balles de ses trois terrains extérieurs. Un voisin, dont le jardin est situé à cinq mètres de la paroi la plus proche, entend le bruit des balles et les cris des joueurs de 9h à 22h. De quoi sérieusement dévaloriser et dégrader la qualité de vie. Un projet a été refusé à Genappe pour les mêmes raisons. D’autres exemples de ce type pullulent en Wallonie. Et cela ne concerne pas que ce sport en vogue. Le hockey ou des sports moteurs suscitent également leur lot de plaintes. Que ce soit en termes de nuisances sonores, d’éclairage intempestif ou de mobilité. De quoi sérieusement questionner la place des activités de loisirs dans les centres urbains ou ruraux.
S’éloigner du centre-ville
Car dans un contexte de centralisation de l’habitat, des services et des équipements, la cohabitation avec certaines activités semble être une vraie problématique d’aménagement du territoire. La manière de passer de la théorie à la pratique est bien plus compliquée qu’on ne peut le laisser présager. Avec, d’un côté, des nuisances, de l’autre, l’intérêt de ne pas disperser ces activités en dehors des centres. « Il faut analyser ces situations au cas par cas, tempère Cédric Harmant, fonctionnaire délégué du Brabant wallon. Elles sont souvent différentes, et dépendent d’un contexte particulier. Si certains cas posent problèmes, il faut relever que les sites ou terrains situés en plein centre coutent souvent trop chers pour y développer des activités de loisirs. Elles sont donc naturellement éloignées des lieux centraux. » L’idéal étant, comme à Nivelles ou à Louvain-la-Neuve, d’être implantés à quelques centaines de mètres du centre. Même si, il faut l’avouer, certaines localisations historiques ne permettent pas d’éviter cette cohabitation. « Le principal conseil à donner en la matière est d’encourager la personne qui porte le projet à discuter bien en amont avec les différentes parties prenantes, relève le juriste Fabrice Evrard, partner chez HSP. De manière à avoir conscience des nuisances induites par ces activités et de voir comment il est possible de les réduire. » Car, outre les nuisances sonores, il faut également tenir compte de la hausse de trafic induit par ces activités. Un élément qui est toutefois mis en avant par les détracteurs de tout projet.
Le principal conseil à donner en la matière est d’encourager la personne qui porte le projet à discuter bien en amont avec les différentes parties prenantes.
Fabrice Evrard, partner chez HSP
De nouvelles règles d’ici peu
La question étant d’actualité, elle a atterri récemment sur la table des ministres wallons de l’Environnement, des Infrastructure sportives et de l’Aménagement du territoire. Une première piste semble tenir la corde : ne plus autoriser la construction de terrains de padel extérieurs que dans les zones d’activités économiques. Loin des habitations donc. Une décision pourrait être prise une fois que les résultats d’une étude acoustique commandée en juin par la ministre Tellier soient connus. « Cette activité cause en effet des nuisances sonores, précise Emmanuel Verbrugghen, porte-parole de la ministre Tellier. Il faut répondre à cette problématique sans toutefois compromettre l’essor de ce sport ni d’autres activités génératrices de bruit. Les études actuelles ne sont pas satisfaisantes. Celle que nous avons lancée devrait nous permettre d’y voir plus clair. Un des leviers majeurs pour résoudre les nuisances semblent être l’aménagement du territoire. Une piste est en effet d’aménager ces terrains uniquement en zones d’activités économiques. D’ici l’établissement d’un cadre normatif ou de de lignes directrices, il me semble prématuré de sursoir à toutes nouvelles constructions de terrain de padel. » D’après le cabinet Tellier, l’étude réalisée actuellement par le bureau d’acoustique qui a été désigné mènera à une série de recommandations. Qui mèneront soit à « l’élaboration d’un guide de bonnes pratiques (vadémécum) de nature non contraignante qui permettrait d’encadrer la pratique du padel sur le territoire wallon, soit à l’élaboration d’une réglementation qui encadre la pratique du padel. Les recommandations à établir visent les terrains existants et à construire. Elles devront, enfin, proposer des actions concrètes au pouvoir adjudicateur en matière d’aménagement du territoire (ex. : planification sectorielle, implantation en zone d’habitat ou zone industrielle, autre…), aux matériaux et techniques de construction des terrains de padel (ex. : épaisseur des vitres, maillage des grillages, autre…), aux moyens de protection acoustique pouvant être mis en oeuvre (ex. : couverture des terrains, mur anti-bruit, autre…). » Précisons que le rapport n’est pas attendu avant mai 2023.
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