Un permis de végétaliser, à quoi cela sert-il ?

Une question de Sébastien

directeur financier, Wavre

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Une réponse d’Olivier Baudry et Pascal Rigot

Expert forestier et échevin à Nivelles

De plus en plus de villes et communes ont décidé d’ajouter un permis de végétaliser dans leur arsenal juridique. L’objectif étant de ramener de la végétation dans les centres urbains. Un élément essentiel pour les grandes métropoles dans l’idée de rafraichir quelque peu les villes et de lutter contre les ilots de chaleur. Et une manière également de rendre les villes plus conviviales et d’embellir le cadre de vie. En Brabant wallon, les ambitions sont un peu moindres. L’idée étant avant tout d’encourager et d’encadrer une démarche participative d’habitants, d’écoles, d’associations voire de commerçants qui souhaitent ramener un peu de verdure dans l’espace public. Ittre, Wavre, Chaumont-Gistoux ont notamment franchi le pas. Nivelles en fera de même en avril. Ces communes soutiennent principalement ces démarches via une série de conseils (quel arbre planter, comment le planter, etc.). Une convention scelle habituellement l’accord entre les deux parties pour s’assurer du bon suivi de l’entretien de l’espace public. « Le permis de végétaliser est en fait une autorisation d’occupation temporaire d’une partie du domaine public accordée par la commune à toute personne qui s’engage à assurer la réalisation et l’entretien de l’espace public, relève Pascal Rigot, échevin du Développement durable à Nivelles. Cette autorisation est renouvelable. » À Nivelles, ce permis sera avant tout destiné à végétaliser les façades. « La Ville sera surtout attentive au fait que les plantations ne portent pas atteinte aux façades des voisins et respectent les règles permettant d’assurer la sécurité des piétons sur les trottoirs », poursuit Pascal Rigot. Dans d’autres communes, cette végétalisation passe également par des murs végétalisés, des jardinières mobiles, des parterres de pleine terre voire des plantations en pieds d’arbres. Reste qu’un citoyen ne peut toutefois pas planter ce qu’il veut. Les plantes d’espèces hallucinogènes, urticantes ou invasives ne sont, par exemple, pas les plus recommandées.

Un greenwashing à changer

« La végétalisation en ville est une tendance de plus en plus forte, explique Olivier Baudry, expert et gestionnaire forestier au sein du bureau Dryades. C’est intéressant, même si les effets de ces actions restent très marginaux sur la biodiversité ou l’environnement. Cela permet de se donner bonne conscience. Il est parfois plus utile de planter 5 km de haies que de lancer des forêts urbaines. Même constat par rapport à la surface de tous les jardins privatifs du Brabant wallon, qui est impressionnante. Il serait plus opportun d’agir sur ce volet. Bruler du fuel et effectuer des déplacements pour tondre son gazon est insensé. Ce culte de la pelouse parfaite vient des années 60. Alors que tondre est très dommageable en termes de biodiversité. Redonner un aspect sauvage via des prés fleuris serait bénéfique pour les insectes et les oiseaux. »