Thierry Maniquet, l'homme aux oiseaux
Cet habitant de Mont-Saint-Guibert est l’ornithologue de référence de l’asbl Natagora en Brabant wallon. Une passion apparue il y a près de cinquante ans dans la vallée de la Dyle et qu’il tente de transmettre au plus grand nombre. Si l’avifaune se porte bien, l’agriculture et l’urbanisation sont des freins de plus en plus prégnants.
Partage
Texte et photo : Xavier Attout

Il connait les lieux par coeur. Des jours et des jours à sillonner les chemins de ce poumon vert situé en bordure de Louvain-la-Neuve. Le Bois de Lauzelle n’a pratiquement plus de secrets pour Thierry Maniquet, 59 ans, juriste dans une grande banque belge. « J’y ai passé beaucoup de temps pour des travaux à réaliser en vue de devenir Guide Nature », sourit-il, avant de démarrer une petite balade en notre compagnie. Cet habitant de Mont-Saint-Guibert, est l’ornithologue de référence de l’asbl Natagora Brabant wallon. Il distille son savoir dans de multiples promenade guidées, l’actualisation du blog ornitho « Le Bruant wallon » ou par diverses observations sur le terrain. Une passion découverte il y a plus de cinquante ans et qu’il entretient en Brabant wallon et à l’étranger. « C’est un vrai bonheur de tomber sur des espèces d’oiseaux que l’on découvre pour la première fois ou que l’on n’a plus vues depuis longtemps, lance-t-il en caressant sa barbe, les jumelles bien attachées autour du cou. Je tente donc de faire profiter ces petits moments de bonheur au plus grand nombre. »
1. Une passion née à l’adolescence
« Cet intérêt est apparu quand j’avais 12 ans. J’étais en humanités au Collège de Basse-Wavre. Un ami m’a fait découvrir la vallée de la Dyle. Il avait déjà un vif intérêt pour les oiseaux. J’ai directement embrayé dans la même direction. » Une belle histoire puisque les deux comparses se voient encore aujourd’hui et sont toujours aussi passionnés d’ornithologie. « J’adore partir faire une balade tôt le matin, vers 6h du matin. Le silence absolu. C’est l’heure idéale pour découvrir les oiseaux. Il s’agit d’un hobby qui prend du temps mais qui est très enrichissant. Découvrir ou redécouvrir de nouvelles espèces procure une montée d’adrénaline. Il y a régulièrement des changements dans la population des oiseaux. L’intérêt ne faiblit pas. Il y a peu, j’ai observé un banc de cigognes dans la sablière de Mont-Saint-Guibert. Je suis encore émerveillé par ce spectacle. Ma plus belle découverte ? En Brabant wallon, ce doit être la nidification réussie d’un couple de Guêpiers d’Europe dans la sablière de Mont-Saint-Guibert en 2015. »
2. La richesse du Brabant wallon
« La province est un formidable terrain de jeu pour découvrir les oiseaux. On y dénombre entre 200 et 300 espèces différentes. On en retrouve surtout dans les réserves naturelles. Mon lieu préféré ? Cela reste la vallée de la Dyle, derrière les étangs de Pécrot, à proximité aussi de Florival. Le site des décanteurs de la sucrerie de Genappe est magnifique. Le seul regret est qu’il s’agit d’une réserve naturelle domaniale qui n’est pas ouverte au public. » Tout n’est pas rose pour autant. L’avifaune souffre de l’évolution de l’agriculture.
« L’usage de pesticides réduit le nombre d’insectes. Ce qui entraine une diminution de la qualité des terres et une diminution de la biodiversité. Cela se traduit aussi par la disparition de certaines espèces. Le Bruant proyer et la perdrix ont vu 95 % de leur population disparaitre en Brabant wallon. Le coucou se porte très mal sans que l’on sache pourquoi. » L’urbanisation du Brabant wallon est un autre facteur qui pénalise le développement d’espaces favorables. « Il serait opportun que les communes prennent certaines mesures et les imposent dans les demandes de permis. »
3. Prendre le temps d’observer
Natagora rassemble de nombreux bénévoles passionnés. « Suite au confinement, nous avons dû mettre entre parenthèses nos balades mais nous espérons les reprendre d’ici peu. En Brabant wallon, il est possible de découvrir une trentaine d’espèces lors d’une balade. Nous sensibilisons également le grand public via le site internet du “Bruant wallon”, qui rassemble de nombreux ornithologues du Brabant wallon. Il y a en tout cas de plus en plus d’intérêt pour les oiseaux. Beaucoup de gens ont redécouvert la nature pendant le confinement. Il leur semblait y avoir davantage d’oiseaux dans leur environnement proche. Ce n’est pas le cas. C’est juste qu’ils ont pris davantage de temps pour les observer. »
4. Le Guide des balades nature
Thierry Maniquet a collaboré à la réalisation d’un Guide des balades nature en Dyle-Gette, édité par le Contrat de rivière Dyle-Gette. Ce dernier a demandé à Natagora de réaliser dix promenades pour découvrir
les trésors de nos cours d’eau, dont trois ont été balisées par Thierry Maniquet : la vallée de l’Orne, entre Blanmont et Mont-Saint-Guibert, le Ri Sainte-Gertrude à Sart-Messire-Guillaume et la vallée de la Dyle à Florival. Parmi les autres vallées à découvrir dans cet ouvrage édité à mille exemplaires, on retrouve la vallée du Pinchart à Limelette, la haute vallée du Train à Corroy-le-Grand, la haute vallée de la Dyle à Bousval, la vallée de la Thines à Monstreux, la vallée du Chebais à Saint-Remy-Geest, la vallée du Ri Henri-Fontaine à Orp-le-Petit et la vallée de l’Argentine à La Hulpe.
Un ouvrage qui coute 2,5 euros et que l’on peut se procurer par téléphone
(0475 745 349) ou par mail (hysope73@yahoo.fr).
A lire également
Alain Moreau, du grenier de ses parents au Monty

Le tour du bloc, premier spectacle de marionnettes créé à Bruxelles en 1986 par Alain Moreau, a fait le tour du monde. Désormais installé à Genappe avec Le Tof théâtre, le créateur de marionnettes et de spectacles est aussi prof d’un Master en art de la marionnette.
Roza chante la beauté et la fragilité

Rosalie Gevers a grandi à Ramillies, à Mont-Saint-André, plus précisément. De son enfance passée à la campagne, entourée de verdure et d’animaux domestiques, elle a gardé l’amour pour la nature. À 22 ans, elle se consacre entièrement à la chanson sous le nom d’artiste « Roza ».
« Je souhaiterais que l’on explique davantage l’utilité de nos actions »

Laurent Dauge est le nouveau directeur de l’intercommunale in BW. Spécialiste en gestion de l’environnement et bien connu dans certains cercles de la province, il entend s’inscrire dans la continuité d’une machine bien huilée.
Cédric Harmant ou l’ascension d’un fidèle bras droit

Le Walhinois est le nouveau Fonctionnaire délégué du Brabant wallon. Il succède à Nathalie Smoes. L’homme connait la maison. Il oeuvre dans l’ombre depuis plus de 15 ans. Sa mise en lumière ne devrait toutefois pas faire évoluer sa vision du Brabant wallon.
Étienne Van der Belen, comédien et pédagogue

S’il a grandi à Huy, dans le Condroz, et a longtemps vécu à Bruxelles, Étienne Van der Belen puise une partie de ses racines en Brabant wallon. À Hévillers, plus précisément, où il passait une grande partie de ses vacances d’été, chez ses grands-parents paternels. Il y a une douzaine d’années, après de nombreux et lointains voyages, il posait ses valises à Villers-la-Ville.
« Nos paysages sont le fruit de l’époque coloniale »

Espace-vie prolonge le dossier sur la place de la mémoire coloniale et décoloniale dans les espaces publics du Brabant wallon avec l’anthropologue Bambi Ceuppens, commissaire scientifique au sein du Musée royal de l’Afrique centrale qui, depuis un an, participe au Groupe de Travail sur la présence de symboles coloniaux dans l’espace public bruxellois.