Se réapproprier l'avenir
Texte - Karima Haoudy
Du Covid-19 nous garderons en mémoire l’image des espaces publics vides : le no man’s land imposé par un confinement quasi planétaire. Dans ce numéro, nous avons notamment voulu cerner, à l’aune de l’actualité mouvante, l’impact de cette crise sur nos espaces intérieurs et extérieurs. Y aurait-il un avant et un après Covid-19 sur les manières d’occuper le territoire ? La crise sanitaire que nous vivons fait rejaillir des enjeux cardinaux en matière d’aménagement et de ménagement du territoire. Rien de neuf sous le soleil (plus brulant) de l’urgence écologique et sociale. Dans le faisceau de ces enjeux, quatre d’entre eux émergent.
Le premier concerne les inégalités sociales et territoriales. Déjà profondément creusées, elles se sont renforcées pour ceux et celles dont le confinement est synonyme de rétrécissement brutal des ressources. « Les conditions d’hébergement, la possibilité de partir, le choix de consommer autrement, l’accès facile au numérique ne sont pas les mêmes pour tout le monde », déclare l’urbaniste Fouad Awada. L’autre enjeu c’est celui de la dichotomie ville-campagne. La maison-individuelle-avec-jardin a renchéri le modèle de la vie préservée des maux des villes. Trop grandes, trop complexes, trop peuplées. Or, cette représentation est à manipuler avec prudence. Les villes bien faites, parce qu’elles combinent à la densité des aménités et une mixité, ont constitué aussi des foyers de solidarité. De cette crise, on retiendra aussi les vertus de la proximité. De la « ville du quart d’heure », selon Carlos Moreno, où l’ensemble des services de nécessité est accessible à l’effort de la marche ou du vélo. Mais l’appréciation de cette échelle locale ne doit pas éclipser l’importance de l’échelle globale qui permet de connecter des pays, des régions, des territoires, en difficulté.
Enfin, dernière dimension : la résilience, la capacité « à faire avec, malgré tout ». Cette agilité qui anime tous les organismes, sociaux ou urbains, montre que le territoire peut s’adapter aux usages réinventés. C’est le cas de ces reconversions d’espaces (du dedans et du dehors) pour répondre à l’urgence ou à d’autres besoins. À l’image des balcons qui ont servi d’agoras. Cette flexibilité du territoire n’est possible que s’il y a un cadre structurel, une armature nommée intérêt général. Ainsi, aux confinements, aux rétrécissements de nos espaces, a répondu une ouverture vers l’expérimentation d’autres modes de vie. Alors, si l’incertitude se rappelle à notre quotidien, la seule brèche certaine qui se présente à nous aujourd’hui, comme l’affirme la philosophe Isabelle Stengers, c’est le « pouvoir de se réapproprier l’avenir. »

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