Roza chante la beauté et la fragilité
Rosalie Gevers a grandi à Ramillies, à Mont-Saint-André, plus précisément. De son enfance passée à la campagne, entourée de verdure et d’animaux domestiques, elle a gardé l’amour pour la nature. À 22 ans, elle se consacre entièrement à la chanson sous le nom d’artiste « Roza ».
Texte : Caroline Dunski – Photo : Bertrand Vandeloise

Mont-Saint-André étant un village plutôt résidentiel, Rosalie n’a pas développé de relation particulièrement forte avec lui. « Par contre, le fait d’avoir grandi à la campagne m’a énormément portée quand j’étais enfant. Cela m’a apporté beaucoup de joie d’être entourée de verdure et on avait pas mal d’animaux chez moi. C’était chouette d’expérimenter le monde en étant dans cet endroit. »
L’amour de la nature
Toute petite, Rosalie est passionnée par l’aventure et la survie dans la nature, à la façon de Robinson Crusoé. Sa chambre est constituée d’une caravane au fond du jardin où il y avait un petit bois. « Ça me faisait vraiment palpiter, je m’entrainais à faire du feu, comme il n’y avait pas de chauffage là-dedans, je dormais sous plein de couettes. Il y avait vraiment cette notion de sobriété qui était importante et, par la suite, alors que j’étais déjà grande, ma maman a fait des études de guide-nature. Elle connaissait déjà très bien le nom des plantes par sa mère et elle nous a bien transmis cet amour du végétal, à mon grand frère, ma grande sœur et moi-même. »
Trouver sa place entre l’infiniment petit et l’infiniment grand
Alors qu’elle attendait la petite Rosalie, sa maman chantait beaucoup. De son côté, Rosalie a assez classiquement entamé des cours de guitare classique à l’académie, puis a commencé à chanter, accompagnée de son instrument. « Ça met du temps avant que cela ne devienne esthétique. Quand je revois des vidéos sur lesquelles j’ai 12-13 ans, je n’ai pas du tout la même voix. Il faut du temps pour parvenir à contrôler son instrument vocal. » Aujourd’hui, s’accompagnant du N’goni, un instrument à 10 cordes originaire de l’Afrique de l’Ouest, Roza se produit dans de nombreux endroits. « Le dénominateur commun de mes chansons est la question ‘Qu’est-ce qui importe ?’ comme dans la chanson Si petite qui parle du lien entre l’infiniment petit et l’infiniment grand et la difficulté de trouver sa place au milieu de tout ça, de pouvoir se dire qu’on vaut quelque chose et en même temps pouvoir prendre du recul et se dire que, quelque part, on n’est rien. »
De la bio-ingénierie à l’engagement citoyen
Si le projet principal de Roza est la musique et qu’elle commence à pouvoir en vivre, elle garde un lien avec ses études de bio-ingénieure via des « petits boulots » alimentaires, en donnant régulièrement des cours de math et de sciences, ce qu’elle adore. De la question de ce qui importe dans un monde où l’on va droit dans le mur, découlent beaucoup de questions liées à l’écologie. « Ce sentiment d’urgence climatique qui transparait dans mes textes m’anime énormément, il me donne envie de créer, mais il me donne aussi parfois envie de tout arrêter. Il y a pour moi un gros point de tension autour de tout ça. Il n’y a pas dans mes textes quelque chose de vraiment revendicatif, mais c’est plutôt que, pour moi, tout part de là. Ça parle, par exemple, de faire des enfants dans un monde si difficile. À la base de mon engagement écologique, il y a la question de ce qui est beau et, parfois, un désespoir profond face à la crise climatique. Ce sentiment de désespoir est puissant, parce qu’il nous rappelle qu’on tient vraiment à ce monde et nous pose la question de ce qu’on a envie de préserver. »
Parfois, Roza joue dans des soirées de soutien, elle a participé à la Marche des poètes, un festival en mobilité douce, ainsi qu’à Esperanza, qui questionne beaucoup le monde. « Je participe à des manifestations, mais c’est un peu compliqué parce que je suis plutôt militante sur le côté, mais je ne veux pas utiliser cela comme une façade. Les deux sont très liés en moi, mais j’essaye quand même de les garder un peu séparés. »
Voyager léger et lentement
Roza a eu la joie de faire deux grandes tournées de concerts, d’un mois et demi chacune, avec un vélo équipé d’une remorque d’un panneau solaire. « Ça s’est fait de fil en aiguille, sans calcul préalable. J’avais du mal à transporter tous mes instruments dans les transports en commun et je ne voulais pas investir dans une voiture pour autant. J’en ai parlé à mon père et on a fait cette carriole, ce qui faisait le lien avec les études de bio-ingénieure que j’ai faites juste avant et a constitué une chouette façon de mettre toutes mes connaissances en pratique. Ça me permet de mettre tout mon matériel dedans et de le transporter comme ça. C’est un peu en-dehors de ce que propose l’industrie musicale en matière de tournée, mais j’aimerais vraiment conserver l’esprit, avec une forme de lenteur, un contact direct avec les gens, parce qu’à chaque fois je dormais chez eux, je mangeais avec eux… J’aime aussi le fait de jouer dans des endroits insolites, et je pense que l’idée de ne prendre que la voiture et de dormir toujours à l’hôtel ne me plairait pas trop. Maintenant que j’ai gouté à la joie de rester chez les gens, avec les gens, je me rends compte que cela fait partie intégrante de la tournée. »
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