Quatre façades, un retour à contresens 

Texte : Xavier Attout

Des envies d’ailleurs. D’une grande maison. D’un beau jardin. D’oiseaux qui chantent. De calme et d’air frais. Si le Covid bouscule les habitudes et donne à réfléchir sur le monde de demain, il perturbe également particulièrement les urbanistes et autres experts en aménagement du territoire. Vous le savez, ces dernières années, la tendance était à la densification des centres urbains et à la multiplication des immeubles à appartements. Et dans le même temps, les villas commençaient doucement à perdre du terrain. Trop spacieuses, trop énergivores, trop chères. L’avenir était à la ville, à ses facilités, à ses déplacements réduits et à ses multiples activités. Un phénomène mondial que le Brabant wallon et la Wallonie entendaient bien suivre.

Sauf que le Covid est entre-temps passé par là. Bouleversant quelque peu les certitudes. De quoi renverser les grandes tendances d’aménagement du territoire déployées ces dernières années ? Nombreux ont en tout cas été ceux qui se sont interrogés sur leur habitat ces derniers mois. Trop petit, trop grand, mal situé, pas assez aéré, etc. Avec, dans de nombreux cas, des envies d’ailleurs. Les effets de la première vague au printemps dernier ont poussé un peu vite certains observateurs à affirmer que vivre à la campagne était à nouveau un must. La machine immobilière s’est ensuite remise en route. Laissant à penser que les nouveaux fondamentaux ne se verraient pas ébranler par le virus.

Sauf que le Covid semble s’inscrire dans la durée. Et que d’autres pandémies pourraient suivre. Personne ne sait donc prédire pour l’heure la manière dont la demande va évoluer. Reste que, pour le moment, les maisons se vendent à toute vitesse. Plus nécessairement des quatre façades : deux ou trois suffisent si l’environnement est de qualité. Il suffit d’interroger l’un ou l’autre promoteur immobilier pour se rendre compte que la villa reste en Brabant wallon la poule aux oeufs d’or du marché. Ils n’en ont jamais vendu aussi facilement qu’aujourd’hui. Et les demandes de permis se multiplient. Rien qu’à Chaumont-Gistoux, six importants dossiers sont sur la table.

L’un des défis de demain sera donc de parvenir à juguler cette urbanisation à tout-va. La maison continue de faire rêver. Enrayer le mouvement sera délicat. Ce basculement ne se fera qu’au prix d’un aménagement de villes attractives et conviviales, combiné à une évolution des mentalités. Le problème, c’est que d’ici là – cinq, dix ans ? –, le règne de la maison perdurera. Et l’artificialisation des terres s’accélèrera jusqu’à la fameuse arrivée du « Stop au béton ». Soit l’exemple parfait de ce que personne ne souhaitait.