L'union sacrée autour du Brabant wallon de 2030

L'union sacrée autour du Brabant wallon de 2030
Quatre des principaux acteurs du Brabant wallon se sont fédérés autour d’une démarche commune pour mieux relever les défis de demain. Avec une feuille de route comprenant 35 projets, les ambitions sont hautes. Reste à voir si les chiffres évoqués pourront être atteints.
Texte : Xavier Attout - Photo : Asymétrie et M. Schmetz
Quatre des principaux acteurs du Brabant wallon se sont fédérés autour d’une démarche commune pour mieux relever les défis de demain. Avec une feuille de route comprenant 35 projets, les ambitions sont hautes. Reste à voir si les chiffres évoqués pourront être atteints.
Texte : Xavier Attout - Photo : Asymétrie et M. Schmetz
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Un quatuor de choc. Ils ont lancé les opérations sur la Croisette de Cannes en mars dernier, lors du salon international des professionnels de l’immobilier. Avant d’ensuite détailler leurs ambitions mi-mai lors d’un grand colloque à l’Aula Magna. La Province du Brabant wallon, in BW, Invest.BW et l’UCLouvain ont décidé de se rassembler autour d’une démarche commune baptisée « BW 2030 ». Une première. Avec un objectif plutôt simple : démultiplier les forces pour relever les différents défis auxquels le Brabant wallon sera confronté dans les prochaines années et favoriser l’atterrissage de 35 grands projets. « BW 2030 est une dynamique qui permet un alignement stratégique fort entre les acteurs du territoire autour de projets majeurs qui permettront au Brabant wallon de poursuivre son rôle de moteur de l’économie wallonne, belge et européenne et d’y maintenir une qualité de vie unique », lance Tanguy Stuckens, président du Collège provincial du Brabant wallon. Et Baudouin le Hardÿ de Beaulieu, directeur général d’in BW, d’ajouter : « Pour in BW, la stratégie “BW 2030” permet de renforcer la cohérence entre les différents partenaires du territoire provincial afin de stimuler l’innovation, la création d’emplois et mettre à profit les atouts de chacun visant à accroitre l’attractivité du Brabant wallon. Cette alliance permet aussi d’identifier et de fédérer différents partenaires autour de projets collaboratifs innovants. »
11 000 logements à créer d’ici 2030
Ce n’est pas un secret, ces quatre acteurs se connaissent bien et travaillent déjà régulièrement ensemble. Reste que ces collaborations se faisaient jusqu’à présent de manière ponctuelle et aléatoire. L’idée est de formaliser cette nouvelle dynamique territoriale. De quoi, en théorie, faciliter la vie de tous les acteurs du Brabant wallon. « Le Brabant wallon accueille le plus haut taux de personnes diplômées d’Europe et sa croissance économique est l’une des plus fulgurantes du continent européen, rappelle Vincent Blondel, le recteur de l’UCLouvain. Le secret de ce succès ? La présence de l’UCLouvain, l’action de son parc scientifique créateur d’entreprises et l’innovation, issue de la valorisation des recherches de l’UCLouvain. Son implication au sein de BW 2030 se nourrira de sa recherche, de son enseignement et de son activité de services à la société. » Les attentes sont en tout cas grandes. Les quatre acteurs ont compilé leurs chiffres pour fixer leurs ambitions. D’ici 2030, parmi les nombreux défis, il faudra notamment gérer l’arrivée de 30 000 nouveaux habitants, la création de 11 000 logements, le lancement de 8 000 entreprises, l’aménagement de 215 kilomètres de corridors cyclables, la création de 22 500 emplois directs ou encore l’aménagement de près de 215 hectares d’espaces dédiés à de l’activité économique. Des chiffres qui donnent le tournis et qui peuvent laisser l’impression d’être disproportionnés mais qui se basent sur des perspectives fiables. « La mobilité, la fluidité des déplacements ou encore le développement du foncier pour de l’activité économique sont des enjeux auxquels il faut répondre maintenant », lance le quatuor. Un des objectifs majeurs est notamment de pouvoir vivre et travailler à une distance de 20 minutes à vélo maximum des différents écosystèmes qui composeront le Brabant wallon. Plusieurs projets structurants ont donc été identifiés et seront lancés d’ici peu. Que ce soit au centre, à l’est ou à l’ouest de la province. De quoi définir de nouveaux modèles d’urbanisation.
D’ici 2030, il faudra gérer l’arrivée de 30 000 nouveaux habitants, la construction de 11 000 logements, le lancement de 8 000 entreprises et l’aménagement de 215 kilomètres de corridors cyclables.
L’est jouera la carte de la proximité C’est le territoire le plus rural du Brabant wallon. Celui où le développement d’une mobilité attractive et d’un environnement entrepreneurial favorable semble le plus compliqué. Et pourtant, c’est sur ce territoire qu’est prévu la plus forte croissance démographique avec près de 7 500 nouveaux habitants attendus. Plus de 3 500 logements sont à créer, de même que des zones dédiées à de l’activité économique. Parmi les projets concrets mis en place, citons le projet du Bosquet à Jodoigne, en plein centre-ville. Il vise à développer du logement, du commerce et de l’activité économique sur 11 ha. La rénovation de la gare de Ramillies devrait être quant à elle la tête de pont des New Places of Working, ces espaces consacrés « à de l’activité économique nomade et connectée à proximité immédiate de lieux d’habitat ancrés sur un maillage de mobilité douce, dans un rayon de 20 minutes à vélo. » L’ensemble s’étendra sur 3,6 ha le long des corridors cyclables. Par la suite, le projet pourrait encore s’étendre de 11 ha. Ces NPoW devraient en tout cas essaimer dans tout le Brabant wallon. Enfin, le Parc d’activités d’Hélécine, soit 50 hectares dédiés à de l’activité économique, est en route. Les grands enjeux du centre du BW Le tripôle Wavre, Ottignies et Louvain-la-Neuve est le poumon économique de la province. Rayon urbanisation, c’est la région la plus avancée. Et cela va encore s’accentuer, vu la localisation idéale. Plus de 5 700 habitants supplémentaires sont attendus à l’horizon 2030, soit 2 000 nouveaux logements (Court-Village, Béton Lemaire, Samaya, Athéna). Le site de la clinique Saint-Pierre (6 ha) sera quant à lui transformé en centre de référence de la silver économie (économie des séniors). À Wavre Nord, un nouveau Biopôle de 17 ha va se développer. Celui-ci comportera 45 000 m² dédiés aux entreprises actives dans les sciences vivantes de même qu’un pôle de services. Un peu plus loin, la nouvelle clinique Saint-Pierre est prévue sur les hauteurs de Wavre (75 000 m2). Des liaisons cyclables seront aménagées (Court-SaintÉtienne – Ottignies – Wavre de même que le long de la E411 jusqu’à Louvain-la-Neuve) pour relier les principaux sites.
À Louvain-la-Neuve, l’extension du Parc Monnet (17 ha) doit amener 850 emplois alors que la création d’un PoD (Place of Digital) sur 15 000 m2 va entrainer la mise en place d’un quartier du numérique. À Mont-Saint-Guibert, la transformation de la sablière en zone d’activité économique dédiée à l’énergie et à la revalorisation des matériaux (16 ha) est dans les cartons. Juste à côté, la ferme « Sur le Champ » accueillera dès cet automne des projets en agriculture durable sur 21 ha.
L’ouest sur la voie du renouveau
À l’ouest, on retrouve trois pôles aux caractéristiques bien différentes : Nivelles/Braine-l’Alleud, Waterloo et Tubize. La croissance de la population va être majeure avec l’arrivée de 15 000 habitants, ce qui entrainera l’obligation de créer 5 000 logements en 2030. À elle seule, Tubize concentrera la création de 2 500 logements dans le quartier des Confluents (Forges de Clabecq). S’y ajouteront 12 000 m2 de commerces et 20 ha de zone d’activités économiques. Plusieurs infrastructures seront créées pour améliorer la mobilité, comme un corridor cyclable reliant Braine-l’Alleud à Tubize (N27 et ligne 115), une nouvelle gare RER à Braine-Alliance, le contournement sud de la Butte du Lion à Braine-l’Alleud ou encore une nouvelle liaison express de bus entre Tubize et Braine-l’Alleud.
35 PROJETS ONT ÉTÉ CIBLÉS
Voici une petite sélection des projets mis en avant par l’alliance BW 2030 :
– Création d’un quartier du Numérique
– Un Centre de Technologies Avancées (CTA) en matière numérique
– Des projets pilotes en livraisons autonomes
– Le renforcement du Smart Building – La création d’une Communauté d’énergie renouvelable (CER) dans les parcs d’activité économiques
– La mise en place d’un Parc d’activité thématique « New way of caring »
– La création d’un Centre de référence en Silver Economy
– La mise en place d’un Repair Center BW
– La création d’une Plateforme de l’Économie circulaire en Brabant wallon
– Lancement d’une plateforme logistique de commercialisation et de distribution de la production alimentaire locale
– Cartographie des financements citoyens des projets « Agriculture Durable » – Renforcement du réseau Green Deal Cuisines de collectivités
– Zone d’activité économique Agriculture Durable à Mont-Saint-Guibert « Sur le Champ »
– Création de 215 km de corridors cyclables
– Croix de Hesbaye, création de nouveaux lieux de résidences économiques dans l’est
– Mise en place d’une Place of Digital, quartier du numérique
Interview
« Augmenter notre force de frappe »
Sophie Keymolen, députée provinciale en charge de l’Aménagement du territoire
En quoi cette alliance permettra d’être plus fort et d’aller plus vite dans la concrétisation des projets sélectionnés ?
Cette union permet surtout de dialoguer davantage et plus aisément. Allier les ressources de chacun permet d’aller bien plus loin et de dégager des idées nouvelles. Chacun dispose d’un important vivier de connaissances qu’il est important de valoriser. Et puis, le second élément concerne la visibilité du Brabant wallon : elle peut encore être davantage exploitée. À ce titre, travailler sur le marketing territorial est important. Il faut reconnaitre que nous sommes encore peu soutenus par certains niveaux de pouvoir contrairement à d’autres provinces. Cette alliance inédite permet donc d’augmenter notre force de frappe. Les défis territoriaux s’annoncent importants.
Le Brabant wallon a-t-il encore les capacités d’accueillir 11 000 logements et 30 000 habitants supplémentaires ?
Mais nous n’avons pas le choix. Ces chiffres ne tombent pas de nulle part : ils font partie des scénarios étudiés par le Contrat de développement territorial. Il est donc important d’anticiper ces évolutions pour pouvoir se préparer au mieux. Car cette augmentation de logements entrainera des obligations en termes d’équipements. Ces informations permettront également de mieux cibler le type de logements à développer.
Avec de nouveaux modèles d’urbanisation également…
En effet, les New Places of Working deviendront un modèle transposable partout en Brabant wallon. Ils débutent dans l’est car c’est dans cette région que les perspectives de développement sont les plus importantes.
Certains seront développés sur fonds propres par l’un des quatre acteurs, d’autres le seront pas d’autres structures publiques ou par le privé. Nous jouerons en tout cas le rôle de facilitateur.
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