L'habitation légère  s'enracine

Vivre dans une tiny house, une yourte ou une roulotte est encore anecdotique en Brabant wallon. Un premier permis a été délivré à Ottignies, d’autres demandes ont été introduites à Rixensart, Beauvechain, Walhain ou Rebecq. Reste que les écueils sont encore nombreux et que le Brabant wallon n’est pas la terre la plus fertile pour ce type de projet vu le prix du foncier. Mais le ciel s’éclaircit.

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Texte et photo : Xavier Attout

Le marché immobilier connait une période mouvementée actuellement. À côté de cette demande relativement classique pour des appartements et des maisons, bon nombre de Brabançons wallons cherchent une autre voie. Soit par obligation financière (entre 2010 et 2020, le prix médian d’une maison en Brabant wallon a augmenté de 47 % et est passé de 225 000 à 330 000 euros), soit car ils sont guidés par d’autres idéaux. Ce qui est par exemple le cas de ceux qui empruntent la voie de l’habitation légère. De quoi développer une autre approche de la manière d’habiter.

Après plus d’une décennie de revendications, l’habitat léger (yourtes, chalets, containers, tiny houses, caravanes, etc.) a effectué un grand pas en avant en 2019 avec l’entrée en vigueur d’un décret qui distingue désormais dans le Code wallon de l’habitation durable les notions de logement et d’habitation légère. De quoi (doucement) faire évoluer la situation sur le terrain. Un premier permis a été octroyé il y a quelques mois pour un habitat de ce type à Ottignies. Une tiny house a été installée dans l’habitat groupé du Bois del Terre. Des demandes de permis ont également été déposées à Rixensart il y a peu (quatre, en cours), à Walhain (en cours), Incourt (yourte, avis favorable), Beauvechain (avis défavorable), Ittre (avis défavorable) et Rebecq (favorable après recours). Ce qui permet de donner un peu d’espoir à bon nombre de candidats. « Nous accueillons ces demandes favorablement si elles entrent dans nos critères de densification, à savoir de pouvoir construire deux logements sur la parcelle, relève Christophe Hanin, échevin de l’Urbanisme à Rixensart. Pour le moment, les demandes concernent essentiellement la cellule familiale. À savoir des parents qui proposent un bout de terrain à leurs enfants qui éprouvent des difficultés à se loger dans la commune vu les prix. »

Si la demande est de plus en plus importante (25 000 habitations de ce type en Wallonie, légales ou non), la difficulté de trouver un terrain sur lequel poser son habitation légère reste majeure. D’autant qu’il n’est pas question de l’installer sur un terrain agricole ou au milieu des bois. La demande de permis doit concerner un terrain en zone d’habitat. Une difficulté supplémentaire, d’autant plus en Brabant wallon vu les prix et la raréfaction des terrains libres de construction. « Sans parler du fait que la plupart des demandes de permis de ce type restent à l’appréciation des communes, relève Vincent Wattiez, coordinateur du Réseau brabançon pour le Droit au Logement (CCBW). Et il y a des divergences de vue en la matière. Nous allons donc poursuivre nos campagnes de sensibilisation auprès des acteurs de l’aménagement du territoire communaux du Brabant wallon. Car mieux comprendre les spécificités de l’habitation légère est essentiel. »

Rapprocher propriétaires et demandeurs

Les quelques dossiers qui se concrétisent actuellement concernent des situations bien particulières. Et souvent dans la sphère familiale. Il semble qu’une des premières clés pour favoriser le développement de ce type de projet sera de parvenir à mettre en relation des propriétaires avides de partager leur terrain et des gens qui souhaitent vivre dans une habitation légère. « Densifier dans des parcelles déjà construites permet d’optimaliser l’espace et de freiner l’étalement urbain, lance l’Ottintois Stéphane Vanden Eede, qui vient d’accueillir une tiny house dans son habitat groupé. Il faut donc encourager ce type de projet. Pour se faire, revoir certaines normes de densité sera peut-être nécessaire. Car favoriser l’habitation légère au milieu de nulle part n’est ni une solution sociétale, ni une solution d’avenir. »

 

Pour aller plus loin

Retrouvez des informations et des vidéos sur l’habitat léger sur le site mubw.be et ccbw.bw