
Les grands défis de la construction circulaire
Faire appel aux principes de la construction circulaire lors de la transformation ou la rénovation d’un immeuble est une pratique de plus en plus dans l’air du temps. Un enjeu environnemental et urbanistique qui se développe surtout à Bruxelles et arrive en Brabant wallon. On en a parlé lors de notre dernier Midi de l’urbanisme organisé mi-octobre.
Texte : Xavier Attout
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La construction représente près de 40% de l’ensemble des émissions de CO2 du monde entier. Les innovations se multiplient donc pour tenter de faire évoluer un secteur pour le moins conservateur dans ses pratiques. À Bruxelles, pour s’aventurer dans une opération de démolition et de reconstruction d’immeuble, il faudra dorénavant démontrer qu’une rénovation est inappropriée. La construction circulaire est une autre avancée. L’idée est de construire (ou de rénover) tout en réduisant son empreinte écologique. C’est-à-dire en utilisant des matériaux qui pourront être recyclés ou des matériaux de seconde main. Quatre intervenants ont partagé leur expérience du sujet lors de notre dernier Midi de l’urbanisme qui s’est déroulé le 14 octobre dernier à la Ferme du Biéreau. Pour Émilie Gobbo, qui travaille sur les questions d’économie circulaire au sein de Bruxelles-Environnement, les enjeux et défis en la matière sont gigantesques. « Un changement de paradigme est nécessaire, en pensant surtout à l’impact global sur l’ensemble du cycle de vie des bâtiments, a-t-elle précisé. Cela nécessitera très certainement une « adaptation » de nos pratiques. Pour ce faire, il est nécessaire de sensibiliser, d’informer et de former pour changer les mentalités. Il faut aussi inspirer pour montrer que c’est possible, tout en stimulant la créativité et la collaboration. En ce sens, la pratique du réemploi et la conception pour le réemploi répondent à de nombreux enjeux et font partie intégrante d’une démarche que l’on peut qualifier de “circulaire”. » Des produits innovants Anton Maertens est business developer chez BC Material. Une entreprise qui convertit les terres de déblai des chantiers en matériaux de construction circulaires et neutres en CO2. Leurs briques de terre comprimée sont employées sur de plus en plus de chantiers. Près de 1 000 tonnes sont dorénavant produites chaque année. « C’est une solution durable qui permet de lutter contre la pénurie de matériaux, en proposant une formule locale qui met en avant la circularité, a expliqué Anton Maertens. En Belgique, 36 millions de tonnes de terres sont excavées chaque année, dont quelque 70 % sont exemptes de pollution. Les réticences de certains sur la fiabilité de nos briques n’ont aucun sens. Pour les immeubles jusqu’à deux étages, elles sont parfaitement adaptées. Procéder de cette manière est vraiment l’avenir de la construction. Nos enduits en terre crue sont meilleurs pour la qualité de l’air, l’acoustique et l’humidité. »
Un changement de paradigme est nécessaire, en pensant surtout à l’impact global sur l’ensemble du cycle de vie des bâtiments. Cela nécessitera très certainement une « adaptation » de nos pratiques.
Emilie Gobbo, spécialisée en construction circulaire
Julien Willem est de son côté venu présenter son projet de transformation de l’ancienne ferme de l’Épine, située à l’entrée de Louvain-la-Neuve, en un espace de bureaux Mundo-Lab. Le chantier est en cours et a d’ailleurs été récemment primé par la Région wallonne comme « chantiers et services circulaires ». « Pour nos six Mundo-Lab, il y a la volonté de proposer des immeubles à impact environnemental positif, a détaillé Julien Willem, en charge des projets immobiliers. Nous souhaitons favoriser aussi l’économie circulaire. De nombreux matériaux ont été récupérés tels que des portes, des luminaires, des isolants ou du mobilier, de même que 75 tonnes de poutrelles en acier. Nous nous donnons en tout cas le temps de faire des projets de qualité et d’étudier tous les aspects. Il est vrai que cela prend du temps mais cela en vaut la peine. Car il faut avant tout revenir aux besoins fondamentaux : pragmatisme, rénovation et sobriété. »
Une approche plus économique
Benjamin Piret-Gérard, fondateur du promoteur immobilier Redev, est ensuite venu évoquer son projet immobilier à Nivelles. Soit la transformation d’un ancien site industriel en un ensemble de 66 logements. Avec comme caractéristiques principales d’avoir récupéré une série de matériaux dont notamment les briques qui seront maçonnées aux murs des nouveaux immeubles. « Je voulais faire les choses différemment mais je n’avais aucune idée que je travaillais selon les principes de la construction circulaire, a lancé Benjamin Piret-Gérard. Cela m’intéresse vraiment, je suis d’ailleurs en train de suivre des formations en ce sens. Ce projet veut diminuer au maximum les impacts environnementaux. 120 trajets de camions ont été économisés grâce au réemploi de matériaux. Et 700 palettes de briques ont été récupérées. Financièrement, j’ai réalisé des économies en procédant de la sorte. À refaire, je me lancerais à nouveau dans ce type d’opération. Car il est temps de favoriser d’autres approches. »
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