Les courbes avant-gardistes de Damien Carnoy
L’un des pionniers de l’écoconstruction en Belgique est installé au beau milieu des bois à Ottignies. L’architecte Damien Carnoy y déploie toujours une architecture dite organique. Son savoir-faire singulier dans le domaine de la construction en bois en fait toujours un expert écouté. Retour sur une carrière à contrecourant.
Texte : Xavier Attout - Photo : Xavier Attout

Une architecture qui ne laisse pas indifférent. Et un architecte qui est sorti tout au long de sa carrière du moule classique servi par les écoles d’architecture. Damien Carnoy (64 ans) est l’un des pionniers de l’écoconstruction en Belgique. Cet habitant d’Ottignies s’est fait connaitre par son architecture organique qui met en valeur la construction en bois. Quelques maisons de particuliers en Brabant wallon – « je n’en construis toutefois pas beaucoup », des écoles voire des ensembles résidentiels. Et toujours cette même ligne de conduite qui vise à s’approprier le site et ses contraintes avant de déployer ses coups de crayon. Si l’homme a aussi étendu son expertise dans la consultance de projets en bois et dans la formation, il s’est aujourd’hui recentré sur sa mission d’architecte. Retour sur un parcours hors du commun.
- Un rôle de précurseur
« Cette sensibilisation pour le durable est apparue dans les années 1970, pendant mes études à Saint-Luc Tournai. Le choc pétrolier nous poussait à réfléchir autrement. À prendre en compte les questions environnementales et énergétiques. Cela a été un déclic pour moi. Ce fil rouge m’a guidé tout au long de ma carrière. » Reste que ses compagnons de l’époque n’ont pas eu la même influence puisqu’ils sont très vite retournés vers une voie plus traditionnelle. « Je suis resté fidèle à mes idées. Elles étaient en quelque sorte avant-gardistes quand on observe la manière dont le durable s’est imposé aujourd’hui. Surtout ces dernières années. Pendant longtemps, j’ai dû expliquer ma démarche en long et en large. Aujourd’hui, mon discours est mieux accepté. Je dois moins le défendre. »
2. L’unicité des maisons organiques
« Ce sont des constructions qui s’insèrent complètement dans leur contexte, dans leur environnement. Elles présentent des lignes ondulées, nerveuses, légères, dynamiques qui rappellent les mouvements d’une plante. L’idée est clairement de s’inspirer du monde naturel. Mon approche se décline en tout cas toujours en termes de paysage, qu’il soit urbain ou rural. C’est le lieu qui crée sa construction. D’ailleurs, lors de ma première rencontre avec un propriétaire, quand nous allons sur le terrain de sa future maison, je le laisse toujours m’expliquer comment il voit les choses. L’endroit où il se place me donne de nombreux indices sur sa situation privilégiée, celle où il se sent bien. Ma démarche est partout la même. À la ville ou à la campagne, pour des petits ou des grands projets. »
3. Une expertise reconnue
« J’ai été pendant de longues années une sorte de consultant de luxe dans le domaine de la construction en bois. De nombreux architectes me sollicitaient pour me demander des conseils dans le cadre de leur projet. Construire en bois est complexe et exige une connaissance technique que peu possèdent. C’est un rôle qui me plaisait. J’ai décidé de lever quelque peu le pied ces dernières années. Mais je souhaite transmettre également mes connaissances aux plus jeunes. Je vois d’ailleurs que de plus en plus de jeunes s’intéressent à l’architecture organique, c’est prometteur et intéressant. Ils peuvent également davantage la développer sous l’angle minimaliste. »
4. L’essor des constructions en bois
« Le bois a aujourd’hui clairement acquis ses lettres de noblesse. Je suis certain que les constructions en bois vont se multiplier. L’industrialisation des processus et la préfabrication permettent d’optimaliser et d’accélérer les processus de construction. Contrairement au béton, votre maison est directement sèche et vous pouvez passer à l’étape suivante. Ce type de construction s’est en plus largement démocratisé. De plus en plus de promoteurs lorgnent d’ailleurs sur ce segment. »
5. Greenwashing
« La question de la durabilité est au centre des discussions actuellement. Il est regrettable qu’il s’agisse toutefois avant tout d’un discours marketing. Même si la situation est moins pire qu’avant, il y a une sorte de greenwashing qui n’est pas opportune. D’une manière générale, j’ai également beaucoup de mal avec les lotissements dit durables. Ils sont tellement synonymes de répétition et de forme statique, ce qui est à l’opposé de toute forme de mouvement ou de dynamisme que je mets en avant. »
6. Walhain, terre d’ambitions
« Je travaille sur peu de projets. Celui sur lequel je suis toutefois occupé est particulièrement marquant. Il s’agit du projet Vivagora, un Havre des Possibles à Walhain développé par la Mutualité chrétienne. Une rénovation et reconstruction d’un ensemble de 60 à 70 logements abordables sur l’ancien site de 2,5 ha du couvent des Carmélites. Ils sont destinés aux personnes âgées, aux familles monoparentales et fragilisées, aux personnes souffrant d’un handicap. C’est vraiment un beau projet qui proposera une architecture organique et mettra en avant le concept de Damien Carnoy et sa maison santé positive. »
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