Le PECA, un partenariat renforcé entre enseignants et monde culturel

« Parcours d’Éducation Culturelle et Artistique » (PECA)… Que voilà une association de mots qui laisse planer une aura de mystère ! Le terme « parcours » a un petit côté martial et physique, tandis que les trois autres font rêver. Mais finalement, le PECA, c’est quoi ?

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Texte : Caroline Dunski – Illustration : Elis Wilk

Le PECA offre un cheminement dans lequel l’art et à la culture ont une place durable et où enseignants, élèves, artistes et médiateurs culturels construisent ensemble un patrimoine commun. Le « Parcours d’Éducation Culturelle et Artistique » est un axe du pacte pour un enseignement d’excellence, fruit d’un intense travail de réforme entamé en 2015 par la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) avec des représentants de tous les acteurs du monde éducatif (enseignants, parents, pouvoirs organisateurs) et des spécialistes des différentes universités et hautes écoles. Le « Pacte d’excellence », en abrégé, constitue un ensemble de mesures prises pour renforcer et améliorer l’enseignement de la maternelle au secondaire, en vue de réduire le redoublement de 50% d’ici 2030 et le décrochage scolaire. Parmi ces mesures : l’élargissement du tronc commun d’apprentissage.
L’objectif de ce tronc commun, désormais organisé sur 12 années, entre 3 ans et 15 ans, est de renforcer les savoirs de base et d’assurer un niveau de connaissances plus élevé pour l’ensemble des élèves. Il vise la pluridisciplinarité et les apprentissages transversaux en se centrant sur sept domaines clés tels que la maitrise de la langue française et des langues modernes, le renforcement de l’éveil et de la citoyenneté, la valorisation des activités physiques ou encore la promotion des arts et la culture à l’école.

Il s’agit de découvrir, d’avoir du plaisir, de construire un patrimoine commun et de découvrir un autre langage dont les enfants ne se sentent pas exclus, en acquérant quelques clés. C’est tout l’enjeu de la démocratisation de la culture. Nancy Massart

Faire Bourgeonner © Elis Wilk

L’enseignant au cœur du parcours

C’est dans ce dernier segment du tronc commun qu’intervient le fameux PECA. Mis en place dans les classes maternelles dès la rentrée de septembre 2020, il s’étendra progressivement jusqu’à la fin du secondaire et reposera sur un cours d’éducation culturelle et artistique dispensé par l’enseignant titulaire de la classe, à raison de quatre périodes hebdomadaires en maternelle et de deux périodes par semaine en primaires et secondaires.

C’est en effet à l’équipe éducative que reviendra la responsabilité d’assurer ces cours, même en cas de recours à des collaborations extérieures avec des artistes et des médiateurs culturels. Dans l’enseignement secondaire inférieur, les cours d’éducation artistique et culturelle devront être donnés par des professeurs spécialisés et, pour favoriser la mise en place du PECA, la FWB s’appuiera sur des enseignants relais, au sein de chaque établissement scolaire.

Un gout pour l’exploration culturelle et artistique

Les réformes du Pacte d’excellence invitent à développer davantage les collaborations entre l’école et la culture et, surtout, à donner une place durable à l’art et à la culture, dans un trajet construit et articulé qui assure la continuité des apprentissages. « Tout l’enjeu sera de ne pas instrumentaliser l’art, insiste toutefois Nancy Massart, référente spécifique culture et enseignement au sein du Conseil de l’Enseignement des Communes et des Provinces (CECP). Il s’agit de découvrir, d’avoir du plaisir, de construire un patrimoine commun et de découvrir un autre langage dont les enfants ne se sentent pas exclus, en acquérant quelques clés. C’est tout l’enjeu de la démocratisation de la culture. » La vocation du parcours est d’imprégner chaque élève d’un gout pour l’exploration culturelle et artistique. Sa mise en œuvre permettra de rendre plus cohérentes de nombreuses initiatives culturelles et artistiques qui existent déjà au sein des écoles, mais aussi de les intensifier et les compléter afin de toucher chaque élève et, selon les mots de Bénédicte Linard, ministre de la Culture, de « soutenir le développement de la créativité et de l’imaginaire des enfants ainsi que celui de leur pensée complexe et critique ».

Savoirs, savoir-faire et rencontres

L’architecture du PECA a été approuvée par le Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), le 17 juillet 2020, sous la forme d’une note d’intention. Les deux « référentiels de l’éducation culturelle et artistique », qui auraient dû être opérationnels pour la rentrée 2021, doivent encore être approuvés en deuxième lecture par le Parlement de la FWB, mais la crise sanitaire a retardé le processus législatif.
Le Pacte d’excellence valorise, au coeur des apprentissages, la place de la connaissance, de l’expérimentation et des rencontres. Les référentiels décloisonnent aussi les apprentissages, puisqu’ils assurent une continuité, une homogénéité entre les différents domaines d’apprentissage. Au sein des référentiels, les objectifs spécifiques du PECA sont de faire émerger des aptitudes pour apprécier des oeuvres et pour favoriser l’expression individuelle et collective. Ces aptitudes reposent sur trois composantes – connaissance, pratique artistique et rencontre des oeuvres et des artistes – qui structurent la méthodologie du PECA au travers de trois langages : sonore/musical, visuel/arts plastiques, verbal/corporel. Les élèves et leurs enseignants pourront sortir à la rencontre des oeuvres et des artistes ou les accueillir dans leur école.
Au fur et à mesure que les référentiels seront mis en oeuvre, afin de se les approprier, le corps enseignant et les directions d’écoles seront formés par l’Institut de la Formation en cours de Carrière (IFC). Par ailleurs, des référents culturels seront recrutés par les réseaux scolaires pour faire le lien entre les écoles et les opérateurs culturels de tous les bassins scolaires. Ils seront 25 dans un premier temps pour couvrir l’ensemble du territoire de la FWB.