
L’alimentation durable cœur de l’écosystème brabançon
Une ferme dédiée à l’entrepreneuriat en alimentation durable va être lancée à Mont-Saint-Guibert. Un projet inédit à l’échelle wallonne qui est initié par in BW. Cet écosystème baptisé « Sur le champ » favorisera l’émergence d’initiatives encourageant les circuits courts. Que ce soit une boulangerie, une conserverie, une fromagerie voire une brasserie. L’accès à la terre et au matériel sera également facilité.
Texte : Xavier Attout - Photo : in BW
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Ce n’est encore pour l’heure qu’une ferme brabançonne des plus classiques. Un ensemble en carré, recouvert de briques blanches, quelques poules et un coq qui gambadent autour. Et, au milieu de ce paysage, un agriculteur en fin de parcours. D’ici la fin de l’année, la Ferme de la Grange à la Dîme, située juste à côté de la sablière de Mont-Saint-Guibert, changera de paradigme et entrera dans une nouvelle ère. Elle deviendra un modèle wallon en matière d’entrepreneuriat alimentaire et durable. L’intercommunale in BW a en effet mis la main le 25 janvier sur cet ensemble de 3 000 m2 entourés de 57 hectares, dont 21 ha libres d’occupation d’ici fin 2022. L’objectif est d’y aménager un hub d’entreprises actives dans le domaine de l’alimentation durable. Il y en aura pour tous les gouts, que ce soit pour celui qui veut simplement tester son projet de maraichage ou celui qui a besoin de développer à grande échelle son projet de packaging. Un projet novateur qui vise à prendre par la main toute une économie qui n’était pour le moment pas soutenue. « Même s’il s’agit d’agriculture, cela rentre pleinement dans notre core business, lance Christophe Dister, président d’in BW. À savoir soutenir le développement économique du Brabant wallon et favoriser la décarbonisation de notre région. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le développement économique ne se résume pas aux parcs d’activités. L’agriculture représente 4,5% du PIB en Belgique. C’est un secteur dans lequel nous n’avions jamais investi mais qui est très important, surtout en Brabant wallon. Tout d’abord car il y a de moins en moins de fermes de type familial, ensuite car la volonté de développer des initiatives autour des circuits courts est de plus en plus prégnante. Nous avons vraiment ce souhait d’aider des jeunes à se lancer et à réaliser leurs rêves. »
Une première à l’échelle wallonne
« Sur le champ » est le fruit d’une longue réflexion initiée par Thibaut Louppe, responsable du volet animation économique chez in BW, qui pilotera désormais ce projet. Sensible à la mise en place d’une agriculture plus respectueuse et plus durable, il y a mêlé sa longue expérience en matière de développement économique et d’entrepreneuriat pour faire aboutir un projet qui n’a pas d’équivalent à l’échelle wallonne. « Les attentes citoyennes pour une meilleure alimentation et les circuits courts sont indéniables, lance-t-il. Tout comme la problématique de l’accès à la terre hors du cadre familial ou la difficulté de posséder du matériel voire des installations techniques. Dans le même temps, de jeunes étudiants ou diplômés présentent depuis 5 ou 10 ans de plus en plus de projets innovants en matière de production ou de transformation alimentaire. Vu ce contexte, il nous a donc semblé opportun de rassembler en un seul lieu toutes les mesures de soutien à l’entrepreneuriat visant la relocalisation alimentaire. »
L’idée de cette ferme d’un nouveau genre sera donc d’encadrer et d’accompagner une vingtaine de projets. Via trois niveaux : une « couveuse » qui permettra à des jeunes entrepreneurs, des maraichers ou des éleveurs de tester la faisabilité de leur idée ; une « pépinière » qui fera office d’incubateur (avec service d’accompagnement) et proposera la mise à disposition de moyens de production mutualisés pour mettre en œuvre un projet favorisant le circuit court ; « l’éco-hub », sorte de business center plus classique qui mettra à disposition des parcelles de terrain, des ateliers modulaires de production et de transformation, des bureaux, des zones de stockage ou encore des chambres froides. Dans ce cas-ci, des activités plus larges comme par exemple de production alimentaire, d’initiatives liées au packaging, à la logistique ou à la vente directe. « L’idée est que tous ces acteurs collaborent et interagissent entre eux de manière à créer un véritable écosystème, fait remarquer Thibaut Louppe. Nous pourrons fournir par exemple le soutien et l’aide nécessaire pour une part du matériel, de manière à ce que cette dépense ne soit pas un frein. » Et Christophe Dister d’enchainer : « Cet accompagnement est un volet important car il permet de se concentrer sur l’essence de son projet. Si une personne veut lancer un nouveau fromage, nous lui fournirons les machines et outils nécessaires à son projet. »
De nombreux partenaires brabançons seront de la partie. Que ce soit en matière de formation, d’agriculture, d’alimentation ou de financement. « Le Brabant wallon possède un réseau d’acteurs reconnus pour leurs compétences dont nous allons bien évidemment profiter, précise Thibaut Louppe. Nous rassemblons en un seul lieu tous les stades de développement d’une entreprise, tout en l’accompagnant dans ses démarches. » L’objectif est de rendre viable des projets qui ne le sont pas encore. Entre 30 et 40 emplois pourraient être créés. Un écosystème qui pourrait accueillir des producteurs, une boulangerie, une conserverie, une fromagerie, une brasserie. Bref, toutes des activités ayant trait aux circuits courts et à la relocalisation alimentaire.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le développement économique ne se résume pas aux parcs d’activités. L’agriculture peut aussi jouer un rôle.
Christophe Dister, président d’in BW
Un magasin et un espace horeca
Ajoutons qu’un magasin ne comprenant que des produits du Brabant wallon de même qu’un espace horeca seront aménagés. « Sur le champ » devrait également favoriser la mise en place d’un réseau de bénévoles qui seront au service des producteurs de même qu’un système de reprise du matériel en cas d’abandon du projet. De quoi éloigner encore davantage le volet financier.
Rayon calendrier, des travaux d’aménagement des différents espaces seront réalisés en 2022, avec un lancement espéré d’ici la fin de l’année. « Le fait de posséder 21 hectares pour lancer des projets est exceptionnellement rare, relève Thibaut Louppe. Cela donne des ambitions à notre démarche. Ce type de foncier est très recherché aujourd’hui, surtout en plein centre du Brabant wallon. Car nous sommes idéalement situés, à deux pas de la N25, de l’Axisparc et du Parc scientifique de Louvain-la-Neuve. De plus, le site est facilement accessible en mode doux. »
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