
La chasse au trésor
Un couple de Braine-l’Alleud s’attèle à rénover une bâtisse oubliée depuis cinquante ans. Le remarquable patrimoine du château de Mont-Saint-Pont va retrouver son éclat d’ici quelques mois par le biais d’une rénovation alliant traces du passée et touches contemporaines. Un projet qui suscite de nombreuses réactions positives.
Texte : Xavier Attout - Photo : Catherine Linkens
Partage
Dans un paysage brabançon où chaque parcelle de terrain est scrutée par des promoteurs, il est encore possible d’assister à de belles histoires. Et de belles surprises. Comme découvrir au gré d’une balade une bâtisse historique du XIXe siècle passée à travers tous les radars patrimoniaux. Abandonnée depuis un demi-siècle, complètement enfouie sous la végétation qui a envahi ce domaine de 1,5 hectare, la demeure s’apprête à retrouver son éclat d’ici quelques mois. « Une découverte incroyable, sourit Vanessa Hagen, architecte de profession et propriétaire du bien. Nous habitons à 200 mètres. Et de ma fenêtre, j’apercevais régulièrement une ombre brune dans les bois. Pendant le confinement, lors d’une de nos balades, nous avons réussi à percer le mystère. Et la surprise a été au-delà de nos espérances. »
Vanessa Hagen et son mari, Geoffrey Graci, ont en effet franchi un peu par hasard le portail du château de Mont-Saint-Pont, situé à Braine-l’Alleud, le long de la chaussée de Tubize. Une demeure construite en 1900 par un industriel local, Gustave Gérard-Tasson, avant de passer en 1937 entre les mains d’André Delahaye, ingénieur à Braine-l’Alleud, puis, en 1988, d’Oscar Desmet-Jacqmin. Ils y découvrent un château abandonné depuis cinquante ans, à peine visible depuis la rue. Seule une poignée de squatteurs en ont fait leur terrain de jeu. « Nous avons réussi à retrouver la trace du propriétaire qui a été séduit par notre projet de rénovation visant à y installer notre habitation familiale. Ces vingt dernières années, il avait repoussé de nombreuses avances de promoteurs. Il semble y avoir eu un coup de cœur réciproque. Le propriétaire a toujours repoussé la rénovation de cette bâtisse, poursuit Vanessa Hagen. Il l’avait achetée en même temps qu’une ferme voisine et s’était concentré sur ce bien. Il avait uniquement stabilisé le château et refait la toiture. Ce qui l’a sauvé en fait. »
“Le château n’est pas classé. Mais nous voulons néanmoins qu’il retrouve son lustre d’antan, tout en y ajoutant des touches contemporaines à l’arrière.”
Vanessa Hagen, propriétaire
Préserver le passé,
se tourner vers le futur
Les nouveaux propriétaires ont débuté en juin une profonde rénovation, s’attelant à retrouver des traces du passé pour coller au plus près de la réalité. « Le château n’est pas recensé par l’Agence wallonne du Patrimoine et n’est pas non plus classé, lance Vanessa Hagen, surprise d’avoir découvert une bâtisse relativement saine. Il ne figure étonnamment dans aucun livre. Cela nous a quelque peu facilité la tâche en matière de permis et de procédures. Mais nous voulons néanmoins que ce château de trois niveaux retrouve son lustre d’antan, tout en y ajoutant des touches contemporaines à l’arrière (grandes baies de 4 mètres et châssis en alu par exemple) et en l’adaptant aux besoins actuels d’une famille sur le plan énergétique et pratique. On y retrouvera donc des balustrades en fer forgé, des balcons, le granito d’origine, des châssis en bois, les moulures d’époque, etc. Nous avons d’ailleurs écumé les brocantes pour retrouver des portes du XIXe et d’autres éléments. La façade retrouvera aussi toute la lumière qu’elle mérite.»
Le permis a été octroyé en mai. Les travaux ne devraient pas se terminer avant fin 2022. Une annexe jouxtant le bien sera construite dans la foulée, pour accueillir les bureaux de l’entreprise de construction de Geoffrey Graci. Le parc sera complètement réaménagé par un paysagiste.
De multiples réactions
L’enquête publique et l’annonce du projet de rénovation sur les réseaux sociaux ne sont en tout cas pas passées inaperçues. Elles ont suscité de nombreuses réactions positives de Brainois, tout heureux de voir un pan de leur patrimoine préservé. Et de nombreux souvenirs sont remontés à la surface des plus anciens. « L’arrière-petite-fille de l’ancien propriétaire nous a même contacté pour nous dire qu’elle possédait de nombreuses photos et informations sur le château. C’est formidable. L’échevin de l’urbanisme local, passionné de photos anciennes, nous a également aidé et soutenu. Cela nous a permis de découvrir qu’un étage du château avait disparu et que personne ne sait vraiment à quelle époque ni comment cela s’est passé. C’est en tout cas une très belle histoire qui est en train de s’écrire. Même si on espère retrouver une certaine discrétion dans quelques mois (sourire). »
A lire également
Bois-Seigneur-Isaac, la biodiversité en résistance

Les Maillons de Bois-Seigneur-Isaac viennent d’être récompensés pour son travail de préservation du patrimoine rural de ce village de Braine-l’Alleud. Grands propriétaires, agriculteurs et chasseurs se sont rassemblés pour préserver et développer ce poumon vert local et maintenir sa biodiversité. La dimension sociale n’est pas oubliée.
Une demeure aux multiples facettes

Jean-Guibert Croughs a aménagé un espace insolite aux multiples facettes en plein centre de La Hulpe. Un lieu d’échanges et de partage qui transpire la sérénité. Un projet qui peut être considéré comme un tiers-lieu, une thématique que nous aborderons lors de notre prochain Midi de l’urbanisme.
« Les maisons, il ne faut pas les mettre en zone verte »

Dix ans que la Maison de l’urbanisme sillonne les classes du Brabant wallon pour sensibiliser les élèves de 5e et 6e primaire au bon aménagement de leur territoire. Après avoir rencontré près de 2 500 élèves, c’est l’occasion de tirer un premier bilan. Et de se rendre compte de l’évolution de ce bel outil en se rendant à l’école communale de Plancenoit.
Comment Tubize se construit une nouvelle attractivité

Le plus important projet de ces quinze dernières années en Brabant wallon est en cours de construction à Tubize. La reconversion d’une partie du site des anciennes Forges de Clabecq se terminera en septembre 2024. On y retrouvera un Outlet Mall, 180 logements et l’une des plus grandes exploitations d’agriculture urbaine. Suivront 600 autres logements.
La nouvelle vie des fermes brabançonnes

De plus en plus de fermes brabançonnes sont réhabilitées et trouvent une nouvelle affectation. Exemple à Tubize où le bureau d’architecture XVDH a transformé une ferme en carré traditionnelle en un vignoble branché.
Comment la Dyle peut être un atout pour une ville

Une rivière, deux régions mais des approches bien différentes sur la manière d’appréhender la présence de l’eau en ville. Louvain a multiplié les aménagements ces dernières années pour faire de la Dyle un atout. De quoi inspirer bon nombre de communes du Brabant wallon. Retour sur notre visite de terrain organisée en septembre dernier.