
Il y a de moins en moins d’endroits où il n’y a plus aucun bruit en Brabant wallon
L’impact des nuisances sonores sur le territoire et les habitants du Brabant wallon est de plus en plus important. Voitures, avions, tondeuses ou voisins peuvent être sources de tension. Sans oublier que le rapport ville/ campagne évolue, suscitant de nouvelles relations. Une problématique souvent peu prise en compte.
Propos recueillis par Caroline Dunski
Partage
Une enquête de santé réalisée en 2013 par ce qui était encore l’Institut Scientifique de Santé Publique, devenu depuis Sciensano, montrait que le bruit est la nuisance environnementale la plus citée. Mais de quel bruit parle-t-on ? Entretien avec Denis Marion, membre fondateur de l’asbl Epures basée à Grez-Doiceau.
Qu’est-ce qu’Epures ?
Denis Marion : En 2004, au moment du plan de dispersion du ministre Bert Anciaux qui a modifié l’utilisation de l’aéroport Bruxelles-National, nous avons formé « Trop de bruit en Brabant wallon », un groupe de pression destiné à faire reconnaitre l’impact du plan sur le territoire et les habitants du Brabant wallon. En 2007, pour des raisons juridiques et pour agrandir son champ d’action, le groupe de pression, alors interlocuteur de plusieurs institutions, est devenu une asbl. En 2013, elle a changé de nom pour s’appeler EPURES, Ensemble Pour Une Réflexion Environnementale Solidaire, et ainsi mieux rendre compte de ses activités. Nous continuons de travailler sur le dossier des nuisances aériennes avec le ministre Georges Gilkinet et en collaboration avec de nombreuses associations bruxelloises, flamandes et de la périphérie de Bruxelles, mais nous nous sommes aussi ouverts à d’autres problématiques environnementales, liées ou non au territoire de la province. Le bruit routier est peu abordé, si ce n’est sous l’angle de la mobilité, dans des campagnes de limitation de vitesse et de création de zones 30. La sécurité n’est pas leur seule conséquence positive.
Y a-t-il des parties du Brabant wallon qui sont plus particulièrement concernées par le bruit ?
Le bruit n’est pas quelque chose de neuf, mais il y a de moins en moins d’endroits où il n’y a plus aucun bruit. Peu de territoires sont exemptés de bruits humains, constants, excessifs… La nuit, en Brabant wallon, il y a toujours quelque chose qui fait du bruit : une nationale, un avion… S’ajoutent à cette réalité tous les bruits que nous avons créés avec de nouvelles habitudes : les machines agricoles, les pratiques agricoles du travail de nuit, les tondeuses, les souffleuses pour ramasser les feuilles, appareils qui n’existaient pas il y a 50 ans. Plus tous les équipements dans les maisons : conditionnements d’air, pompes à chaleur, piscines chauffées par pompes à chaleur… À partir du bruit, on entre dans les questions de convivialité, de vivre ensemble : que sommes-nous prêts à faire subir à nos voisins pour notre propre plaisir ou pour notre intérêt quand il s’agit d’entreprises ? La vie de nos concitoyens peut facilement devenir un enfer. Un des éléments aussi, c’est que dans la vie de tous les jours, nos rythmes deviennent de plus en plus différents les uns des autres. Le contrat social entre les gens a fort évolué.
En Brabant wallon, les gens ne sont pas particulièrement revendicatifs, mais quand il s’agit du bruit, quelle que soit leur condition sociale, ils peuvent se montrer très actifs et combatifs, jusqu’à remettre en cause l’usage de l’avion.
Quelles communes sont le plus confrontées au bruit ?
Cela dépend du type de bruit. Pour les communes riveraines d’une autoroute, c’est une catastrophe. À Nivelles, quelqu’un avait hérité d’un bien pas loin de l’autoroute E19. Cette personne a constaté progressivement qu’il y avait de moins en moins de périodes de calme, avec une circulation de plus en plus constante. Partout, la circulation est de plus en plus constante. Or le bruit est une nuisance dont on ne se protège pas facilement.
Qu’est-ce qui peut être mis en place pour éviter les nuisances sonores que cela génère ?
Se protéger des bruits d’une autoroute est une gageure, mais il existe des moyens, comme les murs antibruit, la mise en place de revêtements silencieux, la limitation de vitesse avec contrôles radar renforcés. Epures n’a jamais travaillé sur les bruits quotidiens qui relèvent plus des troubles de voisinage. L’asbl n’a pas la vocation d’être une association de riverains, mais plutôt de lanceurs d’alerte. Dans la Commission consultative communale d’aménagement du territoire et de mobilité dont je faisais partie, on était assez attentif à l’emplacement des piscines pour l’octroi d’un permis. Dans certaines communes comme Grez-Doiceau où j’habite, nous sommes souvent interpellés au sujet des bruits d’ULM. L’usage des tondeuses est interdit le dimanche, mais pas les vols en ULM. En Brabant wallon, les gens ne sont pas particulièrement revendicatifs, mais quand il s’agit du bruit, quelle que soit leur condition sociale, ils peuvent se montrer très actifs et combatifs, jusqu’à remettre en cause l’usage de l’avion, par exemple.
A lire également
Les enjeux économiques de la rareté du foncier

Jamais in BW n’avait vendu autant de terrains dédiés à de l’activité économique qu’en 2021. Un emballement des entreprises avant une pénurie de foncier attendue dans les prochaines années. Pour répondre à la demande, il faudra à l’avenir être particulièrement inventif.
Changer d’âme, garder la même peau

Chapelles, granges, moulins, écoles, gares, halls industriels… de nombreux bâtiments ont vu leur vocation changer au fil du temps. Une affectation culturelle permet à la fois de leur redonner vie tout en protégeant l’authenticité et l’intégrité d’éléments patrimoniaux remarquables.
Faut-il mutualiser sa production de chaleur ?

Pour limiter nos émissions de CO2, il faudra notamment agir sur le mode de chauffage de nos habitations. Et, à ce titre, la mise en place de réseaux de chaleur dans les grands projets immobiliers peut être une alternative aux traditionnels gaz et mazout. Visite à Bella Vita (Waterloo), où un réseau de chaleur alimenté au bois local turbine depuis 2014.
Comment les agriculteurs tentent de résister à la pression foncière ?

Période compliquée pour les agriculteurs brabançons. La pression immobilière pèse sur le prix de leur principal outil de travail qu’est la terre. Sans parler du fait que la densité de population amène critiques et incompréhensions sur la réalité de leur métier. De quoi ajouter une pression psychologique à la pression foncière.
Comment appréhender le territoire du Brabant wallon ?

La marche et le regard ont été utilisés de tout temps pour approcher des territoires. Qu’en est-il du Brabant wallon ? Des acteurs différents l’ont arpenté pour mettre en relief ses multiples facettes et contribuer ainsi à irriguer l’aménagement du territoire de visions sensibles.
Comment éviter de prendre à nouveau l’eau

Le temps presse. Pour éviter de revoir les mêmes images de rues et maisons inondées d’ici peu, repenser la manière d’aménager le territoire et faire évoluer le rapport de la Wallonie à l’eau semblent inévitables. Trois experts se sont penchés sur le devenir de la vallée de la Dyle, particulièrement touchée en juillet dernier.