Étienne Van der Belen, comédien et pédagogue

S’il a grandi à Huy, dans le Condroz, et a longtemps vécu à Bruxelles, Étienne Van der Belen puise une partie de ses racines en Brabant wallon. À Hévillers, plus précisément, où il passait une grande partie de ses vacances d’été, chez ses grands-parents paternels. Il y a une douzaine d’années, après de nombreux et lointains voyages, il posait ses valises à Villers-la-Ville.

Texte : Caroline Dunski - Photo : Michael Delaunoy

© Michael Delaunoy

Étienne Van der Belen et sa compagne Carole Verhaeghe ne souhaitaient plus habiter à Bruxelles et voulaient trouver un lieu où jouir d’un équilibre entre vie à la campagne et accessibilité aisée vers la capitale. C’est à Villers-la-Ville, à 300 mètres du quai ferroviaire, non loin des ruines de l’Abbaye et de la forêt, qu’ils ont trouvé le cadre où installer leur famille et le siège de l’asbl Chispa fondée en 1998 par quelques artistes désireux de contribuer à un développement plus harmonieux de notre société et des individus qui la composent. S’il continue de donner des cours de théâtre au Conservatoire de Mons (ARTS2), avec la crise sanitaire, Étienne Van der Belen est moins parti à l’étranger pour y présenter ses spectacles. Le confinement a été pour lui l’occasion de découvrir les ressources du territoire brabançon et de réfléchir au tissage de nouveaux liens de proximité.

  1. Être vivant parmi les autres êtres vivants

Fils d’un grand voyageur, Étienne Van der Belen aime confronter son travail à d’autres cultures, d’autres sensibilités, d’autres regards. Sur le plan personnel, il se ressource en travaillant dans son jardin, en s’occupant de son potager et en se promenant dans la forêt toute proche. S’asseoir dans la nature lui apporte un grand apaisement et le sentiment qu’il peut juste être lui, un être vivant parmi les autres êtres vivants, en se délestant de toutes ses fonctions et rôles : comédien, prof de théâtre, papa…  « La nature m’enseigne l’humilité et la simplicité d’être vivant. »

  1. Un engagement artistique et social

Juriste et comédien de formation, Étienne Van der Belen confie qu’il a toujours eu un engagement à la fois artistique et social. « Depuis une dizaine d’années, j’essaye de m’orienter vers un parcours artistique plus personnel. Je suis vraiment convaincu que plus on touche à l’intime, plus on touche à l’universel. Mes derniers spectacles sont liés à mon chemin de vie : L’appel du large, lié au décès de ma grand-mère, Gioia Perfetta, à la suite d’une marche que j’ai faite pendant 2000 kilomètres jusqu’à Assise, ou Jean de Fer, un spectacle pour jeune public, adapté du conte des frères Grimm pour voir comment on peut aider les enfants à grandir en traversant les épreuves qu’ils vont devoir vivre. »

  1. Rêver le futur et retisser du lien

Pour cet « artiste de l’intime », « l’artiste et la culture sont là pour aider à retrouver la capacité de rêver autre chose et pour retisser du lien, la relation à soi, aux autres, malgré la situation. Ce n’est pas suffisant, mais il faut commencer par ça. Se retrouver d’humain à humain et pouvoir partager de l’intime, ce que cette crise sanitaire fait à l’intérieur de nous, et la solidarité que ça crée. » C’est que la crise sanitaire a eu un impact sérieux sur le monde culturel qui a dû annuler ou reporter de nombreux spectacles. Dans ce contexte, Étienne Van der Belen a poursuivi son travail de professeur, tout en mettant à profit la diminution des voyages à l’étranger pour se rapprocher des acteurs du territoires brabançons. C’est ainsi qu’il a pu bénéficier d’une résidence au Centre culturel du Brabant wallon pour la création de Jean de Fer. L’homme sauvage et l’enfant, dans le cadre du plan #Restart que la RTBF a consacré au soutien de la culture au temps du coronavirus.

  1. Le deuil au temps du confinement

Le comédien planche actuellement sur le spectacle Partir*, en cours de création, un projet très personnel. En avril 2020, alors que son père décède dans la maison familiale, le médecin déclare une suspicion de Covid. « Là, tout bascule. Une heure plus tard, les pompes funèbres débarquent en combinaison blanche, gantés et masqués, tels des liquidateurs de Tchernobyl arrivant sur une terre contaminée. Ils enferment le corps de notre père dans un grand sac en plastique et repartent aussi sec. D’un coup, c’est fini. Le lit est vide. Avec mes frères et sœurs, nous nous regardons, hébétés. Avec cette suspicion de Covid s’insinue la peur et le doute. Chacun rentre chez soi et l’organisation de l’enterrement se fait par Zoom. Pas de veillée, juste une courte cérémonie en petit comité sous l’œil très vigilant du personnel du cimetière. » De ce moment volé et à partir de témoignages qu’il récoltera avec l’appui du Centre culturel du Brabant wallon au mois de février auprès d’autres personnes touchées par le deuil, l’auteur souhaite faire un spectacle pour interroger notre rapport à la mort et la place que notre société occidentale lui concède. De petites formes présentées probablement en mars 2023 hors des lieux classiques de diffusion constitueront des moments de célébration s’inspirant de différentes traditions funéraires de nombreux pays. « Nous serons tous ensemble, de manière théâtrale et poétique, pour toutes les personnes parties, pour en faire un moment de remémoration, dans lequel il y aura à la fois tristesse et joie. » 

* Titre provisoire