Des zones économiques  à optimiser

La densification des zones d’activités économiques figure parmi les grands objectifs pour préserver le territoire. Les acteurs présents en Brabant wallon travaillent déjà en ce sens mais pourraient aller encore plus loin. De manière à réinventer les approches.

Texte et photo : Xavier Attout

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Le Brabant wallon compte plus de 1 000 hectares de parcs d’activités économiques, dont 80 % sont gérés par l’intercommunale in BW. Le solde par des acteurs privés (BVI ou Global Construct – Axisparc) par exemple. Tous sont confrontés à une pénurie de terrains. in BW estime par exemple pouvoir encore fournir des terrains aux entreprises pendant encore une quinzaine d’années. Après, c’en sera terminé. Des terrains situés toutefois aux extrémités de la province vu la pression foncière exercée dans les communes du centre du Brabant wallon pour développer du résidentiel.

Pour tenter de rester l’un des principaux poumons économiques de la Wallonie, les acteurs actifs en matière de développement économique vont en tout cas devoir revoir leur manière de travailler. Octroyer de larges parcelles aux entreprises qui n’ont pas besoin d’autant de surface ne sera plus accepté. Cette ambition figure d’ailleurs dans le projet de Schéma de développement du territoire, dont l’enquête publique vient de se terminer. L’idée est notamment de favoriser la densification. « L’objectif de réduction de l’artificialisation est, en effet, mieux atteint si une entreprise peut s’étendre et conserver son implantation initiale que si elle est contrainte de déménager, expliquait il y a peu Willy Borsus, le ministre wallon de l’Aménagement du territoire. Ce qui dans la très grande majorité des cas nécessitera d’artificialiser un espace nouveau. »

Dans le SDT, on lit par ailleurs que « l’occupation des espaces destinés aux activités économiques est optimisée en intensifiant le nombre d’emplois à l’hectare et en privilégiant des modes d’urbanisation compacts. » Dans le même ordre d’idée, les friches affectées en zone d’activités économiques au plan de secteur devront, prioritairement, conserver leur affectation économique. Et à l’horizon 2030, 30 % des nouveaux terrains à vocation économique seront aménagés sur des terres déjà artificialisées. Ce taux est porté à 100 % à l’horizon 2050, sauf en cas de désartificialisation (lire par ailleurs).

Nous n’avons pas attendu les recommandations du SDT pour favoriser des parcs denses et qui favorisent la mitoyenneté. Tous nos parcs sont aménagés de cette manière. Geoffroy Dumonceau, responsable du développement chez BVI.EU

in BW déjà en action

Sur le terrain, les acteurs brabançons affirment travailler déjà en ce sens. « Le taux d’occupation de chaque parcelle varie de 30 à 65 %, explique Françoise Duplat, chef du service dédié à l’expansion économique au sein d’in BW. Nous visons également un taux d’emploi relativement élevé, avec une norme de 25 emplois/hectare. Les parcs d’activités économiques que nous développons aujourd’hui en Brabant wallon ne comprennent pas de parcelles trop spacieuses. Il y a une grande réflexion autour de leur aménagement. Elle sera même encore plus aboutie dans le cadre de la mise en place de notre parc thématique, comme celui de Mont-Saint-Guibert. »

Un constat partagé par Geoffroy Dumonceau, responsable du développement chez BVI.EU, un promoteur qui vient d’aménager une série de parcs à Wavre, Mont-Saint-Guibert et Nivelles : « Nous n’avons pas attendu les recommandations du SDT pour favoriser des parcs denses et qui favorisent la mitoyenneté. Tous nos parcs sont aménagés de cette manière. Surtout en Brabant wallon où le foncier est rare. Les bâtiments sont conçus avec des murs mitoyens et des mezzanines pour les bureaux. Les unités de productions sont situées à l’arrière. Cela permet d’avoir une cohérence architecturale, ce qui manque dans bon nombre de parcs. Les voiries sont aménagées d’un seul tenant pour avoir une organisation optimale. Le régime de copropriété et le règlement d’ordre intérieur permettent de ne pas avoir un développement anarchique. »

Des parcs qui se réinventent donc mais qui devront encore aller un cran plus loin pour éviter une consommation trop importante du territoire. Avec une densification par le haut notamment. « Il est possible de développer une mitoyenneté entre entreprises, poursuit Françoise Duplat. Cela nécessite juste davantage de réflexions et de discussions en amont. Des exemples existent déjà. Quant à la densification par le haut, nous conseillons déjà d’installer des bureaux aux étages. Nous ne sommes pas tout le temps entendus mais cela progresse. Pour le reste, nous favorisons déjà la mobilité douce, nous tentons de mutualiser les moyens de production d’électricité ou de chaleur, donnons une attention particulière à la biodiversité alors que la smart city fait doucement son apparition via notamment l’éclairage intelligent par exemple. » Ajoutons que la mutualisation de certaines infrastructures (parking, bâtiment) est également une piste à suivre. Autant d’éléments en tout cas souvent déjà appliqués en Brabant wallon.

Le SDT va-t-il pénaliser le Brabant wallon sur le plan économique ?

Des interrogations subsistent dans le projet de SDT sur la manière dont, sur le plan économique, doivent être compensées les nouvelles artificialisations d’ici 2050. « La mise en oeuvre de cette mesure ne précise pas si la compensation doit se faire en Brabant wallon ou si cette désurbanisation peut se réaliser dans une autre province, s’interroge Pierre Francis, directeur du département du développement territorial à la Province du Brabant wallon. En effet, un territoire comme le Brabant wallon dispose de peu de friches qui peuvent être rendues à la nature. Il est donc évident que pour accueillir à l’avenir un certain nombre de grands équipements et d’acteurs économiques, des compensations seront nécessaires. Elles ne pourront pourtant pas se faire à l’échelle du bassin d’optimalisation spatiale. Comment la Région wallonne va-t-elle donc permettre de poursuivre le développement économique du Brabant wallon ?»

Car à l’horizon 2030, 30 % des nouveaux terrains à vocation économique devront être aménagés sur des terres déjà artificialisées. Ce taux est porté à 100 % à l’horizon 2050, sauf en cas de désartificialisation. « Vu l’absence de grandes friches sur le territoire du Brabant wallon, l’artificialisation ne pourrait être compensée qu’en dehors du territoire, regrette Pierre Francis. Il serait utile de préciser à quelle échelle peuvent se faire les compensations. De plus, il est urgent de mettre en oeuvre des outils de gestion foncière qui permettront au pouvoir public de limiter les espaces à vocation économique vides et de pouvoir capter ces fonciers disponibles. Une telle mesure de gestion doit être mise en place. »