Pour d'autres perspectives
Texte : Karima Haoudy
La rue. C’est là où tout a commencé. C’est dans la rue que l’affirmation de la domination a pris tôt ses quartiers, par une propagande coloniale qui s’est attelée à occuper inlassablement les paysages, bâtis et mentaux. C’est par la rue aussi que s’est érigée une contestation et une critique de tout cet arsenal de vestiges d’un passé, qui ne passe pas. Tout passe sauf le passé, voit-on à l’AfricaMuseum de Tervueren, dès le seuil franchi. C’est ce passé, que d’aucuns considèrent comme lointain ou à reléguer à la périphérie de l’histoire, qui est ravivé cet été, aux cris de Black Lives Matter dans les rues de New York, Paris, Londres, Amsterdam ou Bruxelles.
Des voix africaines se confondent aux voix occidentales pour dénoncer les mécanismes d’un racisme systémique, qui puise aussi ses obscurs rouages jusque dans un passé récent, celui de la colonisation. Bien avant ce mouvement international, des voix de militants anticolonialistes et d’(anciens) colonisés – d’Aimé Césaire à Achille Membé en passant par Franz Fanon – réclamaient une décolonisation. Mais ce que l’on vit pour le moment est inédit dans la mesure où cette aspiration à la décolonisation de la société et de nos espaces est désormais, sous des formes variables, la quête d’une génération. Une décolonisation qui concerne tant nos territoires physiques, faits de statues, de toponymie, de plaques commémoratives et d’édifices que nos territoires culturels. Autant d’empreintes qui rappellent combien le Congo faisait et fait partie du paysage belge, façonné par un imaginaire colonial. Socle propice pour forger un inconscient collectif. Ce sont ces territoires, tangibles et intangibles, que nous avons sondés, en Brabant wallon, pour saisir le rapport qu’ils entretiennent avec la mémoire coloniale et décoloniale.
Investir cette mémoire et sa résonance en 2021 appelle à s’affranchir des clivages idéologiques, à prendre du recul critique et à déconstruire les dogmes du passé tout en ne cédant pas aux pièges de l’effacement des traces. Socle propice pour l’amnésie. Il s’agit enfin d’adopter d’autres perspectives, de travailler à 360°, histoire de s’affranchir du prisme unique de toute narration unilatérale, qu’elle soit coloniale ou autre. Cela passera par donner la voix à tous ceux et celles qui ont été réduits à l’invisibilité. Et tant qu’on y est, à faire de nos espaces publics des portraits de la diversité et de l’altérité. D’où qu’elles viennent.

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