Bâtir le zéro artificialisation
Texte : Karima Haoudy
Appelant à une maitrise de notre consommation foncière, le zéro artificialisation mène aussi à une maitrise du devenir de nos territoires, bâtis et imaginaires. C’est du moins ce qu’ont révélé les résultats des Arènes du Territoire, mises en oeuvre par les huit Maisons de l’urbanisme et le SPW, présentés lors de la plénière de clôture du 19 avril. Derrière les Arènes, c’est plus de 100 participants qui ont débattu de la manière dont la Wallonie peut s’acheminer vers le zéro artificialisation, d’ici 2050. Un cheminement rendu, à la fois possible et complexe, par l’articulation des intérêts divergents qui jalonnent la question de l’artificialisation. La diversité et l’altérité des participants, rassemblés au coeur des Arènes, a permis de mettre en relief des traits communs, à l’échelle régionale, avec évidemment des couleurs locales, propres aux singularités de chaque territoire, couvert par les Maisons de l’urbanisme. L’objectif étant de donner une photographie la plus nuancée afin d’éclairer les décisions politiques. Tous d’accord d’atteindre ce cap mais dans les faits, comment fait-on ?
Parmi ces traits communs, on retiendra l’appel récurent et appuyé à repriser les outils d’organisation du territoire dont (on s’y attendait) le plan de secteur, héritage d’une vision caduque qui considère le territoire et ses ressources, comme infinies.
Du côté du Brabant wallon, les débats ont permis de (re)mettre en exergue, au-delà des enjeux globaux tracés par l’urgence écologique, la nécessité d’adapter l’offre de logement afin de répondre aux défis du vieillissement de la population et de l’accessibilité économique. Dans le sillage de cette préoccupation sociale et sociétale, nos débats ont rivé transition écologique et transition sociale. Dans la mesure où la transition écologique véhiculée par le zéro artificialisation ne peut se soustraire d’une transition, attentive aux inégalités sociales et spatiales. Pour incarner ces priorités, les propositions, dont vous trouverez dans ces pages un extra condensé, voyagent entre valorisation de l’existant et réinvention des modes d’habitations alternatives, innovants tant dans leurs productions que dans leurs non-reproductions des failles d’une fabrique, technique et spéculative du territoire. Ainsi, de ces Arènes, menées en pleine crise sanitaire, on sent que l’on est dans une période charnière, où le basculement pourrait introduire un autre paradigme, ancré dans son temps. Reste à bâtir ce zéro artificialisation concrètement et symboliquement aussi. Dans nos têtes, dans nos imaginaires collectifs par trop façonnés, des contes aux écrans, par le modèle prégnant de la maison individuelle, requinquée, semble-t-il, par cette crise. Proposer d’autres modèles d’habiter dans le paysage bâti et imaginaire, c’est aussi bâtir le zéro artificialisation.

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