Fondée en 1989, la revue Espace-vie publie ce mois-ci son 300e numéro. Trois décennies qu’elle tente de décrypter et vulgariser l’évolution du territoire brabançon. Une dizaine de fidèles lecteurs évoquent leur rapport à Espace-vie. Et leurs attentes pour les prochains numéros.
Texte : Xavier Attout
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Trois cents numéros en un peu plus de 30 ans. Des centaines d’acteurs de l’aménagement du territoire interrogés. De multiples évolutions sur le fond et la forme. Et une constante, au fil des années : la volonté de sensibiliser les habitants du Brabant wallon (et d’ailleurs) aux enjeux de l’aménagement du territoire, de les informer sur les tendances qui émergent et, surtout, de vulgariser cette information pour qu’elle soit accessible au plus grand nombre.
Car, qu’on le veuille ou non, l’évolution du territoire est l’affaire de tous. Que ce soit de près ou de loin. Que ce soit régulièrement ou une fois dans sa vie. Que ce soit par le biais de la construction d’une maison à côté de chez soi, par le développement d’un lotissement à l’arrière de son jardin ou encore par l’érection d’un parc d’activité économique sur le terrain de jeu de son enfance.
Les paysages n’ont en fait eu cesse d’évoluer depuis 1989, année du premier numéro d’Espace-vie. D’autant plus en Brabant wallon où l’urbanisation a été galopante ces dernières décennies. Et où la pression foncière est toujours plus exacerbée. La rançon du succès pour une province située dans la périphérie de Bruxelles et dont l’attractivité ne se dément pas.
Cette urbanisation s’accompagne désormais d’une densification du territoire. Renouvelant au fil du temps les chancres industriels par des immeubles à appartements. Et offrant une nouvelle diversité d’habitat après le règne de la quatre façades. Un bémol néanmoins : cette évolution s’est accompagnée d’une importante hausse des prix de l’immobilier, rendant l’accès à la propriété de plus en plus difficile pour bon nombre de ménages. Un réel enjeu à l’avenir.
Trois grandes étapes
Espace-vie a accompagné ces évolutions tout au long des trois dernières décennies. Et continuera encore à le faire à l’avenir. Que ce soit par l’information rigoureuse, la confrontation des points de vue ou la découverte d’initiatives novatrices. Et ce, en toute indépendance.
En 1989, cette revue mensuelle comptait seize pages. En 2010, elle s’offrait un important lifting avec une nouvelle maquette, une offre éditoriale repensée, un passage à la couleur et une ouverture à la culture du territoire. Avant de connaitre un nouveau tournant en 2020, changeant de format, de maquette et en repensant à nouveau son offre éditoriale pour coller davantage aux aspirations du temps. Une refonte qui s’est accompagnée d’une présence digitale renforcée.
Cette longévité est notamment liée à votre fidélité. D’autres tournants s’annoncent dans les prochains mois. On espère que vous les emprunterez avec nous.
« Une incontournable lecture de chevet »
MICHÈLE FOURNY, Membre de la CCATM de Genappe
« Ne me proposez pas la version électronique de l’Espace-vie. Je sais : consommation injustifiée de papier (recyclé !), frais logistiques (compensés !). Taille et poids parfaits pour être lu n’importe où, n’importe quand et sans connexion à quoi que ce soit. Les articles sont variés et concis, sans prétention scientifique, kyrielle de bas de page ni lourde bibliographie. Espace-vie, c’est ma récréation, les potins du Brabant wallon en matière d’urbanisme, d’architecture, d’aménagement du territoire, d’environnement… Espace-vie, c’est de l’information, de la formation, du questionnement, des interviews. Juste ce qu’il faut pour avoir envie d’approfondir l’un ou l’autre sujet. Espace-vie, c’est le rappel pour s’inscrire au prochain « Midi » (à l’époque pré-confinement). Et Espace-vie, c’est aussi commencer par rechercher les illustrations d’un célèbre aventurier vénitien. »
«Une institution »
CHRISTIAN RADELET, Ancien fonctionnaire délégué du Brabant wallon
« Espace-vie est une institution pour tous ceux qui aiment le Brabant wallon et qui s’intéressent à l’aménagement du territoire. Espace-vie, c’est 30 ans d’histoire du Brabant wallon, d’articles bien documentés, d’interviews d’acteurs, de commentaires et d’éditos pertinents. L’aménagement du territoire a besoin de lieux d’échanges, de réflexions et de débats. Avec les Midis de l’Urbanisme, Espace-vie a pris une place incontournable dans ce paysage. Depuis 1989, Espace-vie a accompagné ma carrière de fonctionnaire au service du Brabant wallon. Ces 30 ans de vie commune ont été marqués par un esprit d’ouverture et de collaboration réciproque que j’ai toujours apprécié. Merci à la Maison de l’urbanisme. »
« Une confrontation des points de vue »
FRANCIS HAUMONT, Avocat-associé HSP
« Espace-vie a une place particulière dans le lot de revues auxquelles je suis abonné : c’est une des trois ou quatre que je lis intégralement. J’y trouve en effet ce judicieux mix de flashs d’informations urbanistiques locales, des articles plus substantiels sur telle ou telle thématique ou sur la politique menée par telle ou telle commune, des interviews d’acteurs expérimentés dont l’opinion personnelle éclaire leurs interventions. J’apprécie également la confrontation régulière des points de vue. Le tout dans une présentation formelle des plus attractives. Bref un plaisir bimestriel répété. »
« Curieuse, critique, ouverte et indépendante »
PATRICK VERSCHUERE, Architecte, Louvain-la-Neuve
« En fêtant cet anniversaire, Espace-vie offre à ses lecteurs l’occasion d’exprimer leur intérêt aux informations qu’elle diffuse sur l’architecture, l’urbanisme et l’environnement proche. Cette initiative mériterait aussi d’évoquer une réflexion sur les défis d’avenir : la maîtrise de l’impact humain sur les écosystèmes devient une question vitale et demande une adhésion pour l’accompagner. Notre monde politique ainsi que nos administrations, souvent incultes et en retard, ne sont pas les endroits pour débattre. Une revue de qualité et de proximité pourrait aider la démarche citoyenne en vue de promouvoir les idées. Voilà les voeux que je formulerais pour l’avenir de la revue : rester curieuse, critique, ouverte et indépendante. »
« Des contestations évoquées mais pas décodées »
JEAN-LUC ROLAND, Ancien bourgmestre d’Ottignies-LLN
« Espace-vie est assurément une revue de qualité. Une présentation sobre, claire, professionnelle, à l’image de son contenu. Par ses brèves, ses articles de fond, ses interviews de personnalités diverses, elle fournit une très bonne vue d’ensemble sur l’état des réflexions, sur les dossiers en cours et sur les projets qui concernent les territoires du Brabant wallon. L’information est souvent « décodée » comme l’annonce la revue. J’en apprécie l’esprit de concision et de clarté, ainsi que l’effort de mise en perspective des dossiers présentés. Tout ce travail sous-jacent que le lecteur peut ne pas voir, mais dont il profite, permet de mieux saisir la complexité des matières. Un aménagement du territoire digne de ce nom ne peut être autre chose que l’articulation réussie d’une réflexion stratégique globale avec des projets concrets et localisés. Or, on sait bien que tous les projets d’une certaine ampleur se voient contestés. L’aménagement du territoire est sans doute la matière la plus conflictuelle qui soit. Certes les contestations sont évoquées dans la revue, mais pas… décodées. Sur ce plan, Espace-vie me semble lisse comme une table de billard. Pourtant, je crois vraiment qu’il y a intérêt à mieux comprendre ces tensions entre la vue globale et les projets concrets, et à en tirer les leçons. Non pas en se limitant à donner la parole à l’un puis à l’autre. Mais en tentant de faire apparaitre les motivations, les ressorts et les enjeux de ces tensions. Un travail périlleux et difficile, je le sais, mais qui pourrait être très utile et éducatif. Tant pour les uns que pour les autres. »
« Un rôle essentiel »
JULIEN TAYMANS, Président de Natagora Brabant wallon
« En tant qu’amoureux de la Nature et président de Natagora Brabant wallon, je ressens souvent, à la réception d’un nouveau numéro d’Espace-vie, un léger pincement au coeur en appréhendant certaines informations dont je prendrais connaissance dans ce numéro à propos de projets urbanistiques portant atteinte à notre environnement naturel. Alors que la biodiversité constitue l’un des enjeux majeurs du territoire (le premier besoin de la Nature, c’est l’espace !), et que celle-ci est de plus en plus mise en avant dans les discours officiels, on constate en effet encore trop souvent l’absence ou la faiblesse de la prise en compte de cet enjeu lorsque les projets se concrétisent. Dans ce cadre, la revue me semble jouer un rôle essentiel en tant que média de sensibilisation et d’information des porteurs de projets et décideurs aux problématiques liées à la biodiversité, telles que la prise en compte du maillage écologique ou l’aménagement du bâti en faveur de la faune et de la flore. »
« De plus en plus qualitative »
LAURENCE DE HEMPTINNE, Organisatrice de séminaire sur l’immobilier
Citoyenne du Brabant wallon et organisatrice de séminaires consacrés à l’immobilier et à l’urbanisme depuis de nombreuses années, je lis avec assiduité la revue Espace et Vie. J’en ai d’ailleurs conservé la collection complète depuis 2014 !
Espace-vie est, pour moi, une source d’inspiration précieuse dans le choix des orateurs et la conception des programmes de mes séminaires lorsqu’ils sont consacrés au Brabant wallon. Le journaliste Xavier Attout qui écrit la plupart des articles dans les matières qui m’intéressent a, en effet, l’art de choisir les thèmes les plus percutants et celui d’interviewer les bonnes personnes pour en parler. J’apprécie aussi la revue car elle offre un parfait panachage entre l’actualité et l’analyse. Chaque numéro comporte en effet à la fois son lot de véritables « news » (parfois des scoops) mais aussi de nombreux dossiers d’analyse très fouillés qui « décodent les enjeux territoriaux du Brabant wallon » comme l’annonce la couverture.
Il me semble enfin qu’Espace et Vie devient de plus en plus qualitatif. La dernière refonte de la publication menée fin 2019 et mise en oeuvre à partir de février 2020, après six mois d’absence, est particulièrement réussie tant au niveau de la forme que du contenu. En ce moment, je lis avec intérêt la série « Quel avenir pour nos communes ? » consacrée à la stratégie territoriale des villes de la Jeune province.
« Espace d’écrits, Espace d’envies »
ADELINE BINGEN, Responsable du service urbanisme Ittre
« Espace-vie, Espace d’écrits, Espace d’avis, Espace de cris, Espace d’envies, Merci ! »
« Aider à développer l’esprit critique »
YVES HANIN, Directeur du Centre de Recherches et d’Études pour l’Action Territoriale
« Espace-vie est l’une des rares revues qui donne à comprendre les spécificités, richesses ou faiblesses et transformations à l’oeuvre de nos espaces quotidiens. Les clés de ce décodage sont précises tout en étant présentées succinctement et pédagogiquement. Espace-vie nous donne ainsi à questionner et à penser notre maison, quartier, commune, le Brabant wallon et plus largement. Espace-vie nous donne aussi la possibilité de débattre de l’avenir de nos territoires et d’en devenir les acteurs. Espace-vie nous permet de dépasser le Nimby, d’éviter des oppositions stériles, de découvrir des pistes de solutions pour protéger nos atouts, restructurer là où cela est indispensable et consolider les dynamiques positives en cours. Espace-vie nous aide à développer l’esprit critique et à forger une vision partagée. Merci à l’équipe de rédaction qui a su alimenter chacun des 300 numéros. Nous comptons sur vous pour aborder l’évolution des modes d’habitat, de travail, de mobilité face aux défis du changement climatique, du vieillissement de notre jeune province et ainsi à maintenir son attractivité, à renforcer sa durabilité et garantir la qualité de nos cadres de vie. »
« Une bouffée d’air »
HÉLÈNE GRÉGOIRE, Responsable du service urbanisme de La Hulpe
« Vous avez dit qu’Espace-vie a été fondée en 1989 ? Je dois le lire attentivement, comme toutes les autres publications de la Maison de l’Urbanisme, depuis le début des années 2000 : une revue variée, abordant l’urbanisme et la culture, aux articles ni trop longs, ni trop courts, qui a su évoluer tant dans sa mise en page que dans son contenu et illustrée de façon drôle, simple et efficace,… souvent très concrète par ses interviews d’acteurs de l’urbanisme en Brabant wallon, ses découvertes d’autres communes, ses cancans (changement de poste ou autres,…), les points de vue partagés… J’ai hâte de la découvrir dès qu’elle arrive ; je mets précieusement de côté mon exemplaire et j’en savoure chaque page, véritable bouffée d’air et matière à réflexion dans un quotidien souvent surchargé… Mille mercis à la Maison de l’urbanisme et félicitations pour ce 300e numéro d’une, je l’espère, encore longue série ! »
« Une source d’inspiration »
CÉDRIC DU MONCEAU, Ancien échevin de l’Aménagement du territoire d’Ottignies-LLN
« L’action politique pour un bon aménagement du territoire nécessite de prendre de la hauteur, regarder au-delà de 50 ans tout en s’imprégnant et respectant la force des racines, c’est-à-dire du patrimoine et de la mémoire des lieux. La revue Espace-vie est un lieu où spécialistes et néophytes ont pu et pourront continuer, je l’espère, d’exprimer leur vision et leur réflexion sur les enjeux essentiels pour améliorer la manière d’habiter notre Terre et la qualité de vie des citoyens du Brabant wallon. Dans un monde de plus en plus complexe en particulier sur le plan juridico-administratif de l’aménagement du territoire et généralement dominé par une communication instantanée, une telle revue qui exige de prendre le temps de la réflexion est essentiel afin de créer un espace des possibles pour la création d’une cohésion et un sens de destin commun pour un territoire. C’est donc toujours avec plaisir et curiosité que je la lis non seulement comme élu mais aussi comme citoyen afin de nourrir ma réflexion en y puisant de nouvelles inspirations pour l’action. »
«À une époque où internet n’existait pas encore »
BAUDOUIN LE HARDŸ DE BEAULIEU, Directeur d’in BW
« La revue Espace-vie a vu le jour l’année où je suis entré au conseil communal de Genappe. Devenu échevin en 1991, je me suis rapidement intéressé à l’urbanisme même si la matière n’entrait pas dans mes attributions : j’étais en effet chargé des travaux. La revue constituait une excellente source de références et d’informations, à une époque où internet n’existait pas encore, faut-il le rappeler pour les plus jeunes. En 1995, je suis devenu député permanent de la jeune Province et à ce titre j’ai présidé la Maison de l’Urbanisme pendant 12 ans. La revue était bien entendu une production très importante, que j’ai veillé à défendre et à encourager Anne Norman et Benoît Moritz faisaient un travail remarquable de qualité, ce qui est devenu et resté la marque de fabrique de la revue. Elle s’est imposée rapidement dans le paysage urbanistique et architectural en Wallonie et bien au-delà. Aujourd’hui, c’est via l’intercommunale in BW que j’ai l’occasion d’apporter une modeste contribution en communiquant sur des dossiers qui présentent, je l’espère, un intérêt pour les lecteurs. Bravo à Xavier Attout qui a pris le flambeau avec panache. Chaque numéro est attendu par les professionnels et les décideurs de ces matières qui nous permettent d’imaginer et de construire des espaces – publics et privés – de vie plus agréables et mieux intégrés à notre environnement. Longue vie à Espace-vie. »
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